Les clients surfent mais ne souscrivent pas
:
Meilleurtaux, Selectaux, 123prêt, Discountis, E-loan, Credit-on-line, et bien d'autres encore : il y a moins d'un an, le crédit en ligne et en particulier le crédit immobilier semblait doté d'un avenir prometteur. Finie la fastidieuse tournée des banques, la corvée des dossiers à remplir, les négociations de marchands de tapis : tous ces pionniers du crédit sur Internet annonçaient des prêts enfin rapides et moins chers ! Mais la faillite de la filiale européenne de l'américain E-loan, début janvier, a refroidi les enthousiasmes. E-loan a sans doute été victime des difficultés de la Net-économie et du retrait des investisseurs, mais pas seulement. Leur offre manquait sensiblement d'attrait… « Ce que les consommateurs attendent d'Internet en matière de crédit immobilier, c'est d'obtenir des informations sur les crédits et comparer les taux », constate Didier Maintenant, patron de Credit-on-line, un site qui finalise 150 à 200 dossiers de crédit à la consommation par mois… contre dix dossiers au maximum pour les prêts immobiliers ! Mais lorsqu'il s'agit de passer à l'acte, les clients préfèrent se rendre dans une agence bancaire classique. « Pour prendre leur décision, les gens préfèrent traiter avec un individu qu'avec un écran », constate Hervé Schricke, patron de Meilleurtaux, qui compte à son actif quelque 3 700 demandes effectives de crédit, ce qui en fait le numéro un du marché.
Autre déception des « prêteurs en ligne », beaucoup des internautes ne sont que de simples badauds. « Internet permet effectivement aux gens de faire le tour du marché », reconnaît Chenva Tieu, président de Discountis, un site qui avait conclu fin décembre 250 dossiers de crédit. « Mais on se rend compte que beaucoup d'entre eux n'ont encore qu'un vague projet immobilier. » Qu'il faut traiter quand même… Hervé Schricke, patron de Meilleurtaux.com, souscrit : « Beaucoup de gens veulent simplement se rassurer sur le fait qu'ils auront accès au crédit, et dans quelles conditions. » Au final, sur 100 internautes, seuls deux finissent par signer une offre de prêt, alors que ce pourcentage est cinq fois plus élevé (10 %) dans les agences bancaires… Côté clients, il y a aussi eu des désillusions. Ceux qui croyaient faire de substantielles économies en empruntant « en ligne » en sont pour leurs frais. « On trouve les mêmes taux sur le Net que dans les agences des banques à réseau », reconnaît Didier Maintenant. « Pour décoincer le marché, il faudrait un site qui se positionne de manière plus agressive. » Autrement dit, qui casse les prix… Mais comme les banques partenaires des sites sont les mêmes que celles qui ont pignon sur rue, cette hypothèse paraît plutôt improbable. Autant dire que, sur ce marché fragile, il devrait y avoir encore de la casse dans les mois à venir. C'est en tout cas le pronostic d'Hervé Schricke : « Il y a trop d'acteurs aujourd'hui », affirme-t-il, au risque de ne pas se faire que des amis. « A l'avenir, il y en aura moins. »
|