Un taudis dont 90 % des habitants travaillent et ont des revenus
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Au 16 rue Pierre Budin (XVIII e ), on hésite déjà à franchir le hall d'entrée de l'immeuble, renforcé par des étais. Passé l'escalier branlant, les occupants ouvrent volontiers la porte aux visiteurs pour faire constater l'état des logements. Dans une cuisine où le plafond s'est effondré, des poutres métalliques soutiennent miraculeusement des planches et des morceaux de carton. La pièce est plongée dans l'obscurité : l'électricité a été coupée par mesure de sécurité. « Un plafond s'est effondré en novembre 2000 », raconte Judith, membre du DAL (Droit au logement), qui connaît bien les familles. « Tous les occupants ont été évacués dans l'école maternelle située de l'autre côté de la rue. Ils ont réintégré leurs logements le soir-même. Le lendemain, il y a eu un nouvel effondrement, tout le monde a été de nouveau évacué. Et il y a encore eu un effondrement en janvier dans deux appartements. » L'immeuble appartient aujourd'hui à 95 % à la Ville de Paris qui l'a racheté lot par lot. Depuis des années, la copropriété n'est pas entretenue. « Les habitants qui versaient un loyer à l'ancien propriétaire n'ont pas été reconnus comme locataires et tous les occupants sont considérés comme squatters », explique Judith. La plupart des vingt-trois foyers ont déjà fait des demandes de logement auprès de la Ville, en vain. « Pourtant, plus de 90 % des habitants travaillent et ont des revenus », souligne la militante du DAL.