Un sondage Sofres-« Nouvel Observateur » : Home, sweet home
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44% des Français veulent acheter un logement, soit deux fois plus de candidats à la propriété qu’il y a quinze ans. C’est une véritable histoire d’amour avec la pierre qui apparaît.
Tout a commencé par l’invention de la clôture. Un jour, l’homme eut envie de posséder son lopin de terre, son carré soigneusement entouré, à l’abri d’envahisseurs inopinés. Il aurait suffi de peu qu’il y colle un écriteau « propriété privée ». Des siècles de progrès plus tard, rien n’a changé : entre les Français et l’achat de leur logement, c’est toujours une histoire d’amour. Un attachement indéfectible les lie à leur maison ou à leur appartement. Qu’on leur demande, comme dans notre sondage, s’il leur paraît « indispensable, préférable ou pas nécessaire d’être propriétaire », et ils sont 70% à choisir les deux premiers qualificatifs. Mieux encore, quatre personnes sur cinq, dans les 35-49 ans, charges de famille obligent, plébiscitent ce choix.
Car la plupart des candidats à l’achat font preuve d’une confiance absolue dans la pierre. A notre question « si vous disposiez d’un capital d’un million de francs, comment l’investiriez-vous ? », ils sont 59% à répondre immédiatement « dans un logement ». Bien loin devant la Bourse qui ne recueille que 12% des suffrages. Et si les Français veulent tant acheter, c’est, certes, pour y vivre (à 87%), mais aussi dans le but de constituer un patrimoine pour leurs enfants. Plus de sept sur dix de nos sondés estiment d’ailleurs qu’il vaut mieux léguer une maison que des actions. Et ce ne sont pas les turbulences boursières actuelles qui les feront changer d’avis. Pour la résidence secondaire, l’envie ne se manifeste tout naturellement qu’à partir d’un certain âge : 14% des 35-49 ans et 22% des 50-64 ans envisagent l’achat d’une maison de vacances. Les Français - notre sondage le prouve - mettent leurs convictions en application dès qu’ils en ont les moyens : s’ils n’étaient que 27% lors d’un sondage effectué en mars 1986, ils sont désormais 44% d’entre eux à exprimer leur intention d’acheter un appartement ou une maison. Pas forcément tout de suite. Parfois même, ils ne l’envisagent qu’à long terme, dans plus de dix ans. Décidément, ni les crises de l’immobilier ni les spéculations ou les baisses qui ont désorganisé le marché ces dernières années ne sont parvenues à les décourager. Acheter son toit demeure une volonté intacte chez les Français. Quel que soit le niveau de leurs revenus. Six cadres sur dix envisagent de devenir propriétaires s’ils ne le sont pas déjà. Mais le pourcentage est le même chez les employés et chez les ouvriers : il atteint 53%. (…)
Dans toute la France, dès lors qu’on leur demande si « le prix d’achat leur paraît trop élevé, normal ou pas très élevé », ils sont 55% à le trouver excessif. Et, cela n’étonnera personne, ce pourcentage grimpe jusqu’à 69% pour les Parisiens. Les prix n’apparaissent raisonnables qu’à un Français sur quatre. Là encore, il n’y a pratiquement pas de différence de réaction entre hauts et bas revenus. Certes, il restera toujours de riches étrangers, souvent américains, ou quelques enrichis de l’Internet, qui ont su vendre avant d’être ruinés, pour succomber aux charmes d’un pied-à-terre avec vue sur les Invalides ou d’un cinq-pièces donnant sur le Champ-de-Mars. Ceux-là sont prêts à tout pour posséder un bien rarissime, donc hors-cote. Les autres en revanche examinent à la loupe le prix, quitte à abandonner si l’offre leur paraît déraisonnable. Même les investisseurs qui, depuis la fin du dispositif Périssol (le Besson n’a pas donné le succès escompté, du moins dans les grandes villes), se sont faits plus rares. La hausse qui sévissait encore jusqu’au printemps de l’année dernière - elle a cependant atteint 10% en 2000 et même 22% en deux ans - s’est désormais bien calmée : depuis l’été, la fièvre est tombée. La clientèle aisée qui brûlait un argent trop vite gagné a recouvré la raison. Les acheteurs ont cessé d’obéir aux prétentions des vendeurs. Pourtant, nos sondés sont loin d’en être convaincus : 59% d’entre eux pensent que les prix vont encore augmenter. Les Parisiens sont légèrement plus optimistes (seulement 52%) sans doute parce que pour eux le niveau au-delà duquel ils ne peuvent acheter est déjà largement atteint. Louer ? La solution ne paraît guère séduisante aux yeux des Français : 59% d’entre eux trouvent les prix trop élevés. Ils sont même 64% dans l’agglomération parisienne et 70% à Paris.
Dans ces conditions, ils préfèrent caresser leur rêve : devenir propriétaires.
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