La SCIC vend les bijoux de famille
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Le " déconventionnement " se traduit par de fortes hausses de loyer. But de la manœuvre : favoriser la libération des logements pour mieux les vendre. Une opération dénoncée par la Confédération nationale du logement.
Dans les Hauts-de-Seine, la SCIC, qui gère 11 880 logements répartis dans treize communes, veut " déconventionner " l'essentiel de son patrimoine. Il y a quelques années, la société a signé une convention avec l'Etat. Ce dernier lui octroyant des aides financières, la SCIC s'engageait à ne pas dépasser un plafond de loyers fixé par le gouvernement, montant aligné, en général, sur les tarifs appliqués en secteur HLM. " Dans les immeubles conventionnés, les loyers plafonds étant atteints et la SCIC ne pouvant plus les faire évoluer comme elle le souhaiterait, elle décide de ne pas renouveler les conventions avec l'Etat ", dénonce Daniel Riou, secrétaire départemental de la Confédération nationale du logement.
L'opération n'est pas anodine pour les locataires, anciens ou nouveaux. Dans un premier temps, la SCIC contraint ses locataires en place à signer un nouveau bail. Pour les appâter, elle promet un gel des loyers pendant quelques années. Une fois ce délai passé, elle se met au niveau des loyers du secteur privé perçus dans le voisinage. Les nouveaux locataires ne bénéficient pas ce délai d'attente et voient déjà leur loyer de base fortement majoré, loi du marché oblige (…)
La société ne compte évidemment pas en rester là. Deuxième étage de la fusée " déconventionnement " : inciter les locataires en place, et principalement les plus pauvres, à déménager. La vente d'un logement du secteur social est impossible si le locataire en place s'y oppose. La réglementation est beaucoup plus souple dès lors qu'il est vide." Nous sommes dans une politique d'abandon des logements sociaux, s'insurge Daniel Riou. La SCIC vend les bijoux de famille pour se faire de l'argent. Pourtant, ce n'est pas un propriétaire comme les autres. Son patrimoine, construit pour l'essentiel dans les années soixante, l'a été avec des fonds collectés par le 1 % patronal, sur des terrains acquis de façon très symboliques, avec des coûts peu élevés. "
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