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La BCE craint l'éclatement d'une bulle immobilière en Europe
9/9/2004
La Banque centrale européenne (BCE) a prévenu qu'elle allait devoir surveiller "de près" l'évolution des prix de l'immobilier en zone euro, qui flambent depuis plusieurs années, en raison de leur impact inflationniste potentiel et des risques que ferait peser sur l'économie européenne l'éclatement de la "bulle" qui prend forme dans certains pays.
"Les taux de croissance des prix de l'immobilier résidentiel en zone euro sont actuellement proches de leur plus haut niveau depuis le début des années 1990", fait remarquer la BCE dans son dernier rapport mensuel de conjoncture.
Selon les calculs de la BCE, les prix ont progressé en moyenne de 7,2% en 2003, après avoir déjà crû à un rythme compris entre 6 et 7% au cours des trois années précédentes. En tête du palmarès: l'Espagne, l'Irlande, le Luxembourg et les Pays-Bas (le Royaume Uni est hors zone euro...)
"Les dernières indications disponibles pour 2004 confirment la tendance à une forte hausse des prix en Espagne et traduisent une nouvelle accélération en France et en Finlande", souligne la banque centrale qui a déclaré avoir décidé de la surveiller de près "compte tenu de son impact potentiel sur leurs économies et sur la zone euro dans son ensemble", ajoutant que "l'évolution des prix de l'immobilier résidentiel constitue un facteur important à prendre en compte pour la définition de la politique monétaire".
Il a été reproché ces derniers temps à la BCE de ne pas accorder dans sa lutte contre l'inflation une attention suffisante aux prix des actifs, et de trop se focaliser sur le seul indice des prix à la consommation en zone euro (IHPC). Répondant à ce reproche, la BCE fait remarquer que si les prix de vente de l'immobilier ne sont pas inclus dans cet indice, Mais, ils influent sur les prix des loyers qui eux en font partie. De surcroît, ils peuvent avoir une incidence à la fois "sur la consommation des ménages, par le biais des effets de richesse" et sur la demande de prêts bancaires.
En affichant sa détermination à surveiller ce secteur, la BCE se rapproche de la stratégie suivie par d'autres grandes banques centrales, comme celle d'Angleterre ou des Etats-Unis : en Angleterre, la banque centrale a relevé à cinq reprises le niveau de son taux d'intérêt directeur depuis novembre dernier, afin notamment d'empêcher que la bulle immobilière dans le pays continue de gonfler.
Cela signifie-t-il pour autant que la BCE va réagir de la même manière?
Les économistes jugent ce scénario encore improbable, en raison de l'impact négatif qu'un relèvement des taux prématuré aurait sur une croissance économique toujours fragile en zone euro, mais aussi des risques de faire éclater la "bulle" avec toutes les conséquences prévisibles...