L'Observatoire national de la sécurité électrique (ONSE) qui a fêté ses 20 ans en 2015 tire une nouvelle fois le signal d'alarme en présentant ses dernières statistiques concernant l'insécurité électrique et ses conséquences humaines et financières. Co-animé par le Consuel et l'association Promotelec, l'ONSE, grâce à la collaboration des différents acteurs, a permis de rassembler plus de 80 études et expertises effectuées en 2014 et de consolider ses statistiques. Et les résultats sont mauvais.
Alors que les foyers français sont de plus en plus équipés de biens électroniques, qu'il s'agisse de produits électroménagers ou multimédia, ils sollicitant davantage les installations électriques. 590.000 dégâts électriques ont été comptabilisés en 2013, deux fois plus que l'année précédente ! Des sinistres provoqués par des dégâts subis par les équipements électriques ou électroniques du logement, du fait d'accidents électriques d'origine externe (foudre, surtension, surintensité, etc.) et/ou d'explosions ou d'incendies ayant pris naissance à l'intérieur de l'appareil (échauffement, défaillance d'un composant, défaut électrique, etc.).
Les dégâts font chaque année 3.000 victimes d'électrisation et 60 d'électrocution, et seraient responsables d'un quart des 200.000 incendies qui surviennent en moyenne chaque année dans les quelque 35 millions de logements du pays, dont il est vrai 29 millions ont plus de 15 ans et datent même pour 11 millions d'entre eux, d'avant 1949.
Ces accidents et incendies d'origine électrique ont des conséquences économiques lourdes : elles sont estimées à plus d'un milliard d'euros par an par l'ONSE. Ce chiffre intègre à la fois le coût pour les assureurs et pour les blessés, les décès, les électrocutions et les électrisations.
Assistant à la présentation de ces résultats, le directeur de la Confédération générale du logement (CGL), Stéphane Pavlovic, a souligné l'importance de "construire des campagnes de communication à tous les niveaux et notamment auprès des consommateurs, (…) afin de les éduquer pour les aider à améliorer eux-mêmes leur propre sécurité en leur faisant prendre conscience des risques et en leur inculquant les gestes et comportements pour les supprimer".
Un décret instaurant un diagnostic électrique obligatoire à la location (état de l'installation intérieure d'électricité), obligatoire à chaque changement de locataire, est toujours attendu. Il permettra d'apporter de nouvelles données sur l'état des installations électriques dans les logements.
La CGL et le Gresel appuient également en ce moment la création d'un diagnostic obligatoire dans les parties communes des immeubles collectifs, afin de vérifier l'état de l'installation électrique ainsi que la présence et le bon fonctionnement de l'installation de mise à la terre, élément indispensable à la sécurisation des installations électriques des logements. Rappelons qu'un propriétaire ou occupant qui refait son installation intérieur, ne peut la mettre aux normes si elle n'est pas reliée à une terre équipotentielle aux normes. Si l'immeuble n'est pas équipé des colonnes nécessaires à cette liaison, il peut l'exiger du propriétaire ou de la copropriété. Un copropriétaire peut faire condamner le syndicat des copropriétaires à effectuer les travaux sous astreinte.
L'ONSE s'est promis pour 2016 d'actualiser et de consolider les données, de contribuer à généraliser le projet de recherche des causes et conséquences en matière d'incendies, d'affiner l'analyse des conséquences économiques des incendies d'habitation, en particulier le coût pour la société d'un décès ou d'un blessé dû à l'insécurité électrique, et enfin de réfléchir à l'impact des installations de production et de stockage d'énergie sur la sécurité électrique.
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