A compter du 1er janvier, le prêt à taux zéro (PTZ), déjà accessible dans l'ancien sous conditions de travaux dans certains territoires ruraux, sera élargi à l'ensemble du territoire. Pour y être éligibles, les opérations d'acquisition devront cependant, comme aujourd'hui, comporter 25% de travaux. L'objectif est clairement de lancer une bouée de sauvetage à l'artisanat du bâtiment, à la peine depuis plusieurs années. Le gouvernement n’en attend rien de moins que la création de 50.000 emplois dans ce secteur. Mais est-ce réaliste ?
Les fédérations professionnelles ont applaudi dans un premier temps. En particulier, même s'il y a des voix discordantes, une grande part des agents immobiliers qui réclament depuis longtemps le retour du PTZ dans l'ancien. Mais pour François Gagnon, président du réseau d'agents immobiliers ERA France et ERA Europe, cette mesure est de la "poudre au yeux". D'abord, parce que selon lui, le potentiel de logements concernés par l'acquisition-amélioration n'est absolument pas celui qu'on croit : "où sont ces logements tellement dégradés qu'ils nécessitent 25% de travaux ?", demande-t-il, soulignant qu'en fait les 25% s'appliquent à l'opération globale, ce qui veut dire que l'enveloppe de travaux doit représenter le tiers du prix du bien lui-même avant travaux ! "On mesure qu'il s'agit d'appartements ou de maisons inhabitables en l'état, exigeant une réhabilitation lourde", ce qui correspond à un patrimoine délaissé présent surtout dans les communes rurales à faible demande de logement. Au cœur des villes moyennes et des grandes villes, ces logements sont rares. "L'éradication de l'habitat insalubre, notamment grâce à des opérations programmées d'amélioration de l'habitat (OPAH), a depuis longtemps réduit à rien ce patrimoine pathologique. Or, on nous le présente comme un potentiel extraordinaire !", s'insurge-t-il.
Par ailleurs, François Gagnon pointe le fait qu'une des vertus de la primo-accession dans le logement existant tient à la possibilité d'échelonner et de différer les dépenses de travaux. S'il faut prendre en compte les travaux, dès le plan de financement initial, cela revient en termes de coût final à un achat classique. Le seul avantage tient alors à la relative modération des droits de mutation à titre onéreux, puisque les travaux n'entreront pas
dans l'assiette du calcul...
La bonne nouvelle en somme, comme pour d'autres "produits marketing" de la politique du logement tels que la maison à 100.000 euros ou que le "Borloo" dans l'ancien pour les bailleurs, c'est que le dispositif risque de coûter nettement moins du milliard d'euros annoncé aux finances publiques !
|