C'est sous ce titre que le quotidien Libération a relaté le déplacement impromptu que le secrétaire d'Etat au logement, Benoist Apparu, a effectuée en compagnie de Tonino Sérafini, le journaliste spécialisé du journal dans les questions de logement, se passant pour un locataire à la recherche d'une petite surface, histoire de se rendre compte sur le terrain de ce phénomène de logements minuscules - le plus souvent d'anciennes "chambres de bonne" - loués à prix d'or.
Rendez-vous avait été pris avec le propriétaire d'un 12 m2 près de la place des Ternes à Paris, "studette meublée au 6e ascenseur. Coin cuisine douche/W.-C.", selon l'annonce sur le site Pap.fr. Prix demandé : "670 euros par mois + 40 euros de charges". A la question "combien gagnez-vous ?", le secrétaire d'Etat répond "1.800 euros". "Il faudrait un revenu trois fois supérieur au loyer et charges, mais «ça peut passer s'il y a un garant", précise le propriétaire...Ce dernier trouve la demande "molle" en cette rentrée. "On dirait que les étudiants ont disparu", se plaint-il toujours selon Libération. A la sortie, le ministre dit qu'il a "le sentiment d'un abus"... Il demande aux professionnels de l'immobilier de mettre un terme aux "loyers démesurés" des petits logements proposés aux étudiants dans certaines grandes villes, notamment à Paris. Sans "réponses convaincantes" d'ici six mois, il menace d'en passer par la "réglementation".
"Je donne six mois aux professionnels de l'immobilier et aux syndicats de bailleurs pour me faire des propositions concrètes", afin de mettre fin aux "loyers démesurés", rapporte Libération.
"Si je n'ai pas de réponses convaincantes, j'envisagerai l'arme de la réglementation. Le gouvernement prendra ses responsabilités", ajoute le secrétaire d'Etat au Logement. "Sur le principe je ne suis pas opposé à un plafonnement du mètre carré, à un maximum que l'on ne peut pas dépasser", affirme-t-il.
Libération a publié une grande enquête sur les loyers des studettes et autres "chambres de bonne", proposées aux étudiants à Paris. Le journal cite notamment une studette de 14m² louée 700 euros mensuels, une chambre de 10m² avec W.C sur le palier à 580 euros, ou encore 9m² à 690 euros au 7e étage sans ascenseur. Le journal a ainsi recensé 142 offres de location de ce type à Paris sur le site de Pap.fr et 336 sur SeLoger.com...
Pour Thierry Saniez, délégué général de l'association de consommateurs CLCV interrogé par l'Expansion, cette idée de plafonnement des prix du m² à la location est "intéressante", mais ce "n'est pas la formule miracle". "Le fonds du problème est qu'il y a un déficit de logements économiquement accessibles dans certaines zones tendues", souligne-t-il.
"Cette pénurie de logement favorise les abus du côté des propriétaires, poursuit Thierry Saniez. Il faut donc augmenter les aides à la pierre, donc à la construction de logements neufs, et imposer un quota minimum de logements sociaux pour tout nouveau programme de construction."
Les propriétaires voient quant à eux d'un mauvais oeil cette menace de réglementation. "Plafonner les loyers est une méthode imbécile qui ne sert à rien", répond Jean Perrin, président de l'UNPI (Union nationale des propriétaires), à l'Expansion. "Cela fait cinquante ans que l'Etat tente de réguler, en vain, le marché immobilier. Le vrai problème est la pénurie de logements, notamment de micro-logements, parce que le gouvernement a interdit la location de logements de moins de 9m² habitables" ! On ne le suivra pas forcément sur cette voie...
Le plafonnement des prix des loyers au m² se heurte à un autre écueil, que reconnaît Benoist Apparu : "en voulant trop codifier, on risque d'engendrer d'autres dérives, comme la location au noir", indiquait-il à Libération. "Le marché locatif au noir existe déjà", ironise Jean Perrin cité par l'Expansion, ajoutant à raison qu'il "faut du courage politique pour s'attaquer aux marchands de sommeil" !
|