Le professeur Michel Mouillart, de l'Université Paris X Nanterre, et les dirigeants de Crédit Logement ont présenté le 20 juillet les chiffres de l'Observatoire Crédit Logement / CSA pour le 2ème Trimestre 2010, qui marquent une inflexion par rapport aux trimestres précédents : le mouvement de rajeunissement des clientèles cède la place au retour de clientèles plus avancées dans le cycle de vie - le mouvement est très net dans l'ancien -, et si la part des "ouvriers et employés" progresse encore dans le neuf (sortie du Plan de Relance ?), l'ancien voit un retour des cadres et professions libérales. Egalement, l'observatoire confirme ce qu'ont observé les agents immobiliers, à savoir un retour des "secundo-accédants" (les acquéreurs qui ont un bien à revendre)...
Alors que la progression des revenus des emprunteurs s'est à nouveau ralentie, l'apport personnel remonte maintenant : le marché de la revente commence à nettement se ressaisir. La progression des coûts des opérations oblige cependant les ménages à accroître leur recours à l'endettement, il est vrai favorisé par l'évolution des taux d'intérêt. Jamais en effet, depuis quarante ans, les taux n'avaient atteint un seuil aussi bas : 3,45 % le mois dernier. Et ils devraient encore se tasser à 3,41 % en juillet, puis encore un peu jusqu'à la fin 2010, contrairement à ce qui avait été anticipé en début d'année.
Mais la remontée du coût des opérations réalisées (biens en vente plus grands et reprise de la hausse des prix) entraîne le coût relatif : il retrouve son niveau de l'été 2007, avant le déclenchement de la crise. En juin 2010, il était de 3.90 années de revenus contre 3.72 années de revenus en décembre 2009 et 3.55 en décembre 2008 (à son point bas). Du coup, l'indicateur de solvabilité a de nouveau reculé, en dépit de la baisse des taux.
Le marché du crédit a bien amorcé sa reprise dès le printemps 2009, après un effondrement de la production de crédits fin 2008-début 2009 (- 45.2 % en six mois, du jamais vu !). Mais la production, néanmoins, peine encore à décoller : elle était de 170 milliards d'euros en 2007, de 141 en 2008, et de 119 en 2009, et potentiellement de 140 en 2010, année de reprise bridée. Les animateurs de l'observatoire ne voient pas de reprise se fera plus franche tant que le marché de la revente ne sera pas reparti...
Des facteurs favorables pourraient y pousser : même si l'indicateur de solvabilité se dégrade depuis plus d'un an, : il reste néanmoins, sur longue période, à un très haut niveau. De nombreux observateurs avancent que le "blocage" actuel de la reprise vienne d'un niveau de prix "anormalement" élevé : il est vrai que depuis la fin des années 90, la hausse des prix a été de 140% (et même, les prix ont été multipliés par 22 depuis 1964 !). Mais il faut corriger cette évolution des prix afin de tenir compte de la progression des revenus des ménages (de l'ordre de 45% depuis la fin des années 90). La hausse de ces prix corrigés de l'effet revenu reste soutenue : de l'ordre de 45% en 2010 depuis la fin des années 90. Mais en fait, 90% des transactions se font avec recours au crédit. Et depuis 15 ans, font remarquer les animateurs de l'observatoire, les conditions de crédit se sont formidablement améliorées (taux, durée, disponibilité, sureté). La question de la solvabilité de la demande ne serait dont pas la plus importante : le problème reste celui de la sortie de la crise (chômage, perspectives du pouvoir d'achat, marché de la revente)...
|