Le "credit crunch", qui se profile en conséquence de l'aggravation subite de la crise du secteur bancaire aux Etats-Unis, risque d'étouffer l'immobilier par les deux bouts : par la demande d'un côté, par l'offre de l'autre !
En effet, côté acquéreurs, la hausse des taux et la raréfaction du crédit immobilier - les banques peinent à trouver sur le marché de quoi financer les prêts, limitent la durée des crédits et appliquent des critères prudentiels plus rigoureux face à une clientèle elle-même fragilisée par la crise - risquent de bloquer les projets d'accession des particuliers, et pas seulement ceux des primo-accédants : les projets également de ceux qui vendent un bien pour en acheter un autre, "scotchés" par l'impossibilité faute d'acquéreur de vendre le logement qu'ils souhaitent quitter...
Côté construction, la restriction du crédit aux promoteurs risque de bloquer les mises en chantier de nouveaux programmes, même ceux qui auraient trouvé preneur ! Avec des trésoreries fragilisées par la baisse des ventes, nombre de promoteurs risquent d'être durement frappés par la baisse d'activité et ne pas y survivre...
Les prix semblent encore résister, mais peut-être pas pour longtemps : les premiers à lâcher prise seront probablement les vendeurs titulaires de prêts relais arrivant à échéance, à qui les banques risquent de refuser toute prolongation et qui se verront pris à la gorge ; s'ils se mettent à brader leurs biens, les conséquences peuvent être imprévisibles ! Les économistes qui jusqu'ici considéraient l'effet de "bulle" immobilière moins marqué en France qu'aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, en Irlande ou en Espagne, n'excluent plus une baisse prononcée des prix, tel cet économiste chez Groupama Asset Management cité par Le Figaro aujourd'hui, que s'attend à "une crise sans précédent" qui va "effacer cinq années de hausse" !
Seules bonnes nouvelles dans ce tableau noir, les cours du pétrole et autres matières premières sont entrain de se calmer, faute de croissance mondiale, ce qui devrait aussi calmer l'inflation. Du coup la Banque centrale européenne (BCE) pourrait cesser d'augmenter les taux d'intérêt, comme semblent l'anticiper de nombreux analystes...
Le problème est que cette accalmie ne suffira probablement pas à enrayer la hausse des taux d'intérêt : selon le professeur Michel Mouillart, qui étudie depuis de nombreuses années les marchés immobiliers résidentiels et leur financement, cité par le quotidien Les Echos, "la remontée des taux d'intérêts pour les futurs emprunteurs est inéluctable compte tenu des conditions actuelles de financement et de refinancement des banques", ajoutant qu' "avec l'aggravation de la crise financière, les ressources sont devenues plus rares et donc plus chères". A suivre...
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