Le concept de bâtiment "à énergie positive" commence à entrer en application : la commune de Limeil-Brévannes dans le Val-de-Marne va construire le premier groupe scolaire français "zéro énergie", dont le but est de produire autant - voire plus - d'énergie qu'il n'en consommera.
Pour cela, les concepteurs jouent sur deux tableaux : le bâtiment devra produire son énergie mais surtout réduire ses consommations de façon drastique. Le gros du gain passe donc par une très forte isolation et par une gestion optimale de l'énergie.
Les classes, largement vitrées, profiteront au maximum de l'ensoleillement avec des vitrages qui laissent entrer davantage de calories qu'ils n'en laissent sortir. L'épaisseur d'isolant, habituellement de 8 à 10 cm, est doublée. La conception supprime également tous les ponts thermiques.
Moyennant quoi les besoins de chauffage devront se situer entre 10 et 13 kW/h par m² et par an, contre 50 considéré déjà comme un objectif ambitieux pour la construction neuve (la consommation moyenne actuelle dans le parc ancien est de 328 kWh/m2/an). Une pompe à chaleur puisant l'énergie dans le sol assurera la majeure partie du chauffage. L'eau chaude sanitaire sera fournie pour les trois quarts par 30 m² de capteurs en toiture, le reste étant électrique. Installés sur le toit, 650 m2 de panneaux photovoltaïques fourniront l'électricité, dont la consommation (éclairage, ventilation, ascenseurs, informatique, etc.) constitue le poste le plus difficilement compressible.
Côté consommations hors chauffage, la conception permettra aussi de les réduire : l'éclairage naturel sera ainsi utilisé au maximum, les couloirs, situés l'un au-dessus de l'autre, transparents (verrière et dalles de verre), permettant à la lumière zénithale de traverser le bâtiment de haut en bas. Des cellules photoélectriques empêcheront d'allumer la lumière - ou l'éteindront automatiquement - si la luminosité est jugée suffisante. De plus, des graduateurs adapteront l'éclairage à l'intensité lumineuse.
La ventilation sera aussi adaptée à la fréquentation des locaux : par exemple dans la bibliothèque, des capteurs de CO2 - que dégage notre corps - régleront l'aération en fonction du nombre de personnes présentes. Les locaux occupés à des heures fixes, comme les salles de classe, seront aérés par un système réglé sur une horloge.
Selon les saisons et la météo, l'école vendra ou achètera de l'électricité à EDF. L'objectif, sur un an, étant qu'elle en produise au moins autant qu'elle en consomme, sinon plus : .
EDF étant tenue de racheter le kW/h à 15 euros alors qu'elle le vendra à 6 centimes, le simple équilibre de consommation rendra le groupe scolaire bénéficiaire, le gain pouvant même atteindre 6 000 euros par an !
Il y a cependant un revers à la médaille : le temps de retour de l'investissement ; sur un coût total de construction de 5 millions d'euros, 1,6 million représentent surcoût par rapport à un bâtiment normal. Un amortissement sur 15 ans suppose une économie globale d'au moins 100.000 euros par an par rapport à la facture énergétique normale d'un bâtiment de cette taille, hors d'atteinte sans une flambée des coûts de l'énergie nettement supérieure à celle que nous connaissons actuellement...
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