L'enquête a été menée par le Journal du Net (JDN), qui a utilisé les données provenant du site Inside Airbnb, indépendant de la firme américaine, et réalisé un travail de géolocalisation des annonces en ligne à la date du 7 décembre 2018, soit 59.613 annonces géolocalisées. Le nombre de déclarations meublés touristiques par quartier administratif a quant à lui été fourni par la mairie de Paris. Il s'agit des déclarations actives au 20 février 2019, soit 29.147 déclarations reconnues. Les données concernant le parc de logements proviennent quant à elles, faute de mieux, de la base infra communale "Logement" 2015 de l'Insee. Le JDN rappelle que parmi l'arsenal de mesures prises par la Ville de Paris pour lutter contre les abus de cette pratique figure l'obligation, depuis le 1er décembre 2017, pour toute location de courte durée à Paris d'être enregistrée. Concrètement, les utilisateurs proposant un logement à la location saisonnière sur des plateformes comme Airbnb, Homelidays ou Abritel doivent déposer une déclaration en ligne afin d'obtenir un numéro d'enregistrement devant lui-même figurer sur l'annonce. A défaut, les sanctions encourues sont importantes.
Force est de constater que la peur du gendarme n'a pas encore joué à plein, au regard de l'appât du gain que procure la location meublée touristique par ces plateformes. Sur les seules annonces Airbnb, le JDN relève qu'en moyenne, 48,9% des annonces Airbnb font l'objet d'une déclaration, soit un taux d'illégalité de 51,1% à l'échelle de la capitale. Ce chiffre frôle même les 70% dans certains quartiers parisiens : c'est le cas dans les quartiers Pont-de-Flandre (19ème arrondissement), Champs-Elysées (8ème) et Bel-Air (12ème), qui affichent des taux d'illégalité respectifs de 68,9%, 64,2% et 61,6%. A l'opposé de l'échelle, Bonne-Nouvelle (2ème arrondissement), Place-Vendôme (1er) et Arsenal (4ème) font figure de bons élèves, avec moins de 30% de logements non déclarés à la mairie de Paris.
Cet écart n'est pas étonnant : la peur du gendarme s'exerce surtout dans les quartiers à forte concentration n'annonces, alors que dans les autres les loueurs peuvent jouer au "pas vu pas pris"... L'hypothèse est plausible, si l'on considère que les taux d'illégalité les plus faibles sont recensés dans des quartiers où le ratio annonces Airbnb / nombre total de logements est élevé : la proportion d'annonces Airbnb dans le parc de logements varie de 5,4% à 11,9% dans les 10 quartiers où le taux d'illégalité est le plus faible. A contrario, les taux de locations non déclarées les plus élevés sont enregistrés dans des zones de Paris où les annonces Airbnb ne représentent qu'une faible part de parc de logements : entre 2,3% et 4,1%, si l'on exclue les quartiers Champs-Elysées et Saint-Germain-L'Auxerrois (1er arrondissement) qui cumulent taux d'illégalité élevé (respectivement 64,2% et 59,3%) et taux d'annonces Airbnb élevé.
Sollicité par le JDN, Airbnb a contesté les données d'Inside Airbnb, qualifié de logiciel de data scrapping, dont les données seraient biaisées, mais la plateforme n'a toutefois pas communiqué pour autant ses propres données...
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