Il y a quelque temps que l'on sait que les ordures ménagères seront le problème environnemental n°1 des sociétés développées ! L'urgence à agir se dessine à la fois sur le plan de la production que sur celui du traitement...
1. Du côté de la production de déchets :
La production française d'ordures ménagères a franchi le cap symbolique d'un kilo par jour et par habitant ! Avec 373 kg en 2000 contre 217 kg par habitant en 1975, soit un quasi doublement en 25 ans c'est le grand échec de la politique des déchets, entièrement axée sur le tri et le recyclage d'une partie des déchets : en effet, si neuf ménages sur dix ont aujourd'hui la possibilité de trier leurs déchets, les quantités ne cessent d'augmenter, à raison de 1% de plus par an.
Ce sont les chiffres qui ont été présentés à l'occasion d'un colloque sur la prévention de la production de déchets au début du mois.
Premiers accusés : les emballages : la société de consommation en est gourmande, et même recyclés, ils nécessitent un traitement coûteux en énergie, eau, etc.. Mieux vaut donc ne pas les produire, estime Nadia Boeglin, responsable de la cellule écoproduits à l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) dont les propos sont rapportés par l'AFP.
Elle cite l'exemple du téléphone portable, dont l'emballage représente 25 fois le volume du produit: "cela signifie 25 fois plus de camions pour les transporter au magasin". Un yaourt "saveur d'autrefois" en grès utilise deux fois plus d'emballage que de produit: 210 grammes pour 140 grammes de yaourt. Un ordinateur se renouvelle en moyenne tous les 3 ans et chaque génération technologique (CD, DVD, etc...) pousse la précédente à la poubelle.
Les "mini doses", qui ciblent le consommateur pressé, ont fleuri dans les supermarchés. On en trouve désormais pour tout: le café, la soupe, le nettoyage du sol au plafond... Or, le café en mini doses consomme 10 fois plus d'emballage qu'en paquet de 250 grammes, rappelle Nadia Boeglin.
Leministère de l'Ecologie n'envisage pas pourtant de recourir à la réglementation et mise plutôt sur la bonne volonté des consommateurs, de la grande distribution et des industriels, contrairement à certains pays qui ont édicté des réglementations contraignantes.
Le ministère négocie des engagements volontaires avec les acteurs sur deux sujets phare: les sacs de caisse et les publicités dans les boîtes aux lettres.
Une charte de déontologie doit être prochainement signée avec le syndicat de la presse gratuite et la grande distribution pour que soit respecté l'autocollant "stop pub" apposé par le consommateur sur sa boîte aux lettres.
L'enjeu selon le ministère : 40 kg de prospectus par an et par boîte.
Pour le sac de caisse, l'engagement de réduction de 20% en trois ans pris en novembre par la grande distribution "ne suffit pas", estime-t-on au ministère. Mais pas question pour l'instant de légiférer, comme en Irlande, où une taxe de 15 centimes a frappé les sacs de caisse. L'efficacité a pourtant été spectaculaire : 90% des sacs plastique ont été éliminés.
Une grande campagne de publicité sera lancée avant la fin de l'année pour inciter les Français à consommer mieux: acheter des produits dotés du label "NF environnement" ou de l'écolabel européen, réutiliser les sacs plastique, développer le compost, etc.
Le ministère promet également une norme sur la durée de vie des produits.
Les objectifs sont néanmoins modestes : l'objectif est de stabiliser les quantités de déchets ménagers produites d'ici 2008. Les administrations devront faire mieux, avec un plan de réduction de 5% par an pendant 5 ans.
2. Du côté du traitement
L'urgence est à la fermeture des décharges : la France fait l'objet d'une procédure des autorités de Bruxelles pour infraction à la législation communautaire, et après l'"avis motivé" adressé le 19 décembre par la Commission européenne, Paris risque des poursuites devant la Cour européenne de justice !
La ministre de l'Ecologie a donc annoncé son intention de fermer d'ici la fin de l'année toutes les décharges non autorisées. Dans une circulaire signée juste avant une rencontre avec des journalistes, Roselyne Bachelot demande aux préfets de lui transmettre la liste de ces installations pour le 15 avril ; quelque 800 décharges communales reçoivent en effet régulièrement des déchets alors qu'elles ne sont pas autorisées. 535 d'entre elles sont localisées et devaient être listées à partir de ce jour sur internet, car, admet-on au ministère, elles sont taxées par l'Etat.
Selon la même source, les maires vont devoir également fermer plusieurs milliers de dépôts sauvages : ce sont "des sites non exploités mais faisant l'objet d'apports clandestins de la part de particuliers", précise la ministre dans sa circulaire...
|