Au vu des derniers chiffres publiés par le ministère du logement, la construction de logements neufs continue sa descente aux enfers : avec 272.134 logements mis en chantier au cours des douze mois de août 2013 à juillet 2014, elle creuse encore le point bas de la décennie. Le seuil des 300.000 logements (alors que l'objectif "politique" est de 500.000) n'est atteint qu'avec les mises en chantier des constructions sur bâtiment existant (32.945 unités). Ce chiffre est globalement en baisse de 10,8% sur un an. Mais le pire est que la chute s'accélère : la baisse sur le dernier trimestre par rapport au précédent est de 13,3% ! La chute est de 16,6% sur la maison individuelle diffuse sur un an et de 26,3% sur le dernier trimestre (l'individuel groupé en lotissement chute moins, à respectivement -12,4 et -20,6%), alors qu'elle n'est que de 9,2% sur un an et de 6,1% sur le dernier trimestre dans le collectif, tiré par le logement social qui se maintient bien...
Les délivrances de permis de construire sont également en berne sur les mêmes douze mois, pour 391.474 logements au total, en chute de -17% par rapport à la même période un an avant. Lueur d'espoir, elles ne baissent plus au dernier trimestre. Mais un permis de construire ne conduit à une mise en chantier que si un nombre suffisant de logements sont pré-vendus, sur plans.
Et c'est là que le bât blesse. Les ventes de logements neufs diminuent de 12,1% au 2ème trimestre 2014 par rapport au deuxième trimestre de l'année 2013 : -10,9% dans le collectif et -23,2% dans l'individuel. Afin de contenir les stocks, le nombre de logements mis en vente est toujours en baisse (-22,4% sur un an). De nombreux projets sont abandonnés faute d'acquéreurs réservataires ou du fait des annulations de réservations, la plupart du temps pour défaut d'obtention du financement. Sur le seul encours des promoteurs au 1er juillet 2013, de 104.918 logements, augmenté au cours des quatre trimestres suivants de mises en vente de 89.138 unités, 85.904 ont été réservées, mais les promoteurs ont essuyé 8.716 annulations (9%) et ont dû abandonner des programmes pour 13.187 logements. Leur encours s'établissait au 30 juin 2014 à 103.681 logements, soit 5 trimestres de ventes effectives, alors qu'il était de moins de 60.000 fin 2010. Bien entendu, seule une partie de cet encours est en construction (36,4% pour les appartements) ou achevé (6,7%), mais leur part est en hausse de 2,9% sur un an.
Petite consolation : les prix du neuf n'ont pratiquement pas augmenté au cours de la période étudiée...
Rappelons que les mises en chantier ont dépassé les 475.000 fin 2006-début 2007 et les autorisations de construire les 600.000 à la même époque ! Mais il est vrai que les promoteurs vendaient près de 70.000 logements par an, rien qu'aux investisseurs en "Robien", et que cette frénésie s'est traduite par une surproduction dans des dizaines de villes moyennes de province, provoquant l'effondrement de leur marché locatif...
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