Les mises en chantier de logements neufs continuent de s'enfoncer et passent à nouveau sur 12 mois sous la barre fatidique des 300.000 unités dans les chiffres à fin novembre 2013 du Commissariat général au développement durable. Le nombre de logements mis en chantier ne s'est élevé de décembre 2012 à novembre 2013 qu'à 337.972 unités (contre 346.463 pour l'année 2012, déjà calamiteuse), et dont seulement 299.017 en construction neuve (contre 304.234) et 38.855 en construction sur bâtiments existants (contre 42.229). Malgré un léger redressement dans les trois derniers mois (juin, juillet et août) par rapport aux mêmes mois de 2012 (+3,6%), le cumul sur 12 mois est encore en baisse de 6,2%% par rapport au même cumul observé à fin août 2012, et même de 9,4% si on ne prend que la construction neuve. Il est surtout en baisse de 25% par rapport au point haut atteint en 2007 avant la crise (plus de 445.000).
Sur ce total, les logements collectifs représentent 159.090 unités (-3,1% par rapport aux mêmes mois de 2012), les logements individuels groupés (lotissements) 44.401 (-5,8%), les logements individuels purs 113.943 (-10,0%) et les logements en résidence 20.438 (-7,5%).
Les autorisations de construire, subissent une plus grande régression, ce qui ne laisse augurer rien de bon pour 2014 : -15,4% pour la construction neuve sur les 12 derniers par rapport aux mêmes mois de 2012, dont -13,2% pour les logements collectifs, -11,4% pour les logements individuels groupés, -10,1% pour les logements individuels purs et -32,5% pour les logements en résidence !...
L'opposition et les milieux proches des professionnels ont beau jeu de mettre ces résultats, à l'opposé des objectifs gouvernementaux de construction de 500.000 logements par an, sur le compte de fiscalité et des mesures telles que l'encadrement des loyers ou la garantie universelle des loyers prévues dans le projet de loi "ALUR" en fin d'examen au parlement.
Cette baisse est effectivement due à une raréfaction de la demande de logements neufs et au gonflement des stocks des promoteurs qui en résulte (programmes lancés en construction ou seulement en commercialisation, la mise en chantier n'intervenant que si plus de la moitié des logements sont réservés). Mais les causes en sont multiples. Côté investisseurs, il est clair que l’appétence pour les placements immobiliers est aujourd'hui freinée, mais ni par la fiscalité sur les plus-values, plutôt plus favorable que par le passé, ni par les éventuelles contraintes imposées par le projet de loi Duflot, mais par la disparition des perspectives de plus-value rapide - lourdement taxée ou non - et par l'attitude restrictive des banques à financer des achats sans gros apport personnel ... Les témoignages abondent, même si les intéressées s'en défendent ! D'autant que ce qu'on voit de l'avenir économique à moyen terme incite à garder de l'épargne liquide...
Quant aux accédants, l'état du marché immobilier ancien bloque la revente des biens détenus actuellement par ceux qui sont déjà propriétaires, le contexte économique et les difficultés de financement - vu le niveau des prix atteint - ayant par ailleurs raison des velléités de nombreux candidats primo-accédants !
Même le secteur HLM se voit freiné dans le lancement de nouvelles opérations. Mais une partie de la production des bailleurs sociaux - celle commandée en VEFA à des promoteurs – est bloquée quand ceux-ci ne vendent pas suffisamment de logements pour lancer l’opération sans pour autant se dessaisir de leurs terrains et les rendre ainsi disponibles.
Du coup, du côté HLM, 2013 devrait finalement s’achever sur 102.000 logements sociaux agréés, soit un petit 5% de plus par rapport à 2012 (98.000 unités), malgré des financements en hausse...
Seul espoir de voir le marché repartir : une baisse des prix sensible, qui entraînerait dans son sillage celle du foncier pour la construction neuve - les deux sont intimement liés - et une amélioration drastique du climat économique, qui permettrait le retour de la prise de risque !
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