L'allongement de la durée de vie devrait se traduire par une forte augmentation du nombre des plus âgés : il y aura en 2050, 11,6 millions de plus de 75 ans au lieu de 5,4 aujourd'hui, et 4,8 millions de plus de 85 ans au lieu de 1,5 aujourd'hui : c'est une des données mises en exergue par le 17ème rapport du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées, intitulé "Habitat et vieillissement : vivre chez soi, mais vivre parmi les autres !". Cette évolution s'accompagnera d'une croissance plus relative du nombre de personnes en perte d'autonomie ; pour 1,2 millions
de bénéficiaires de l'allocation personnalisée d'autonomie actuellement, les projections vont de 1,4 à 1,6 millions en 2025, de 1,7 à 2,2 millions en 2040.
Le problème est que contrairement à ce qui s'est passé dans la deuxième moitié du 20ème siècle, la pauvreté risque de se développer à nouveau parmi les personnes âgées. Par ailleurs, l'isolement accompagne souvent le vieillissement et la pauvreté. Or l'habitat peut, selon les rapporteurs accroître la dépendance et l'isolement, ou il peut, au contraire, en être le premier facteur de prévention.
Le maintien en logement indépendant, aspiration du plus grand nombre et objectif premier des politiques n'est possible, pour les personnes en perte
d'autonomie, que si elles bénéficient de solidarités et de services, mais il suppose aussi que le logement et, plus largement, l'habitat, s'adaptent aux contraintes des personnes âgées. Si dans leur majorité, les personnes âgées sont propriétaires de leur logement, la propriété ne les met pas à l'abri de la pauvreté. L'ANAH considère que 830.000 ménages âgés modestes occupent un logement dont ils sont propriétaires et qui nécessite des travaux. Il s'agit de l'adaptation à la perte d'autonomie, mais aussi de l'amélioration des performances énergétiques et, parfois, de la remise en
état. Les interventions de conseil, d'assistance à maîtrise d'ouvrage et l'aide au financement mobilisent un partenariat diversifié, mais elles se heurtent à une insuffisance de moyens. Alors qu'aujourd'hui, le budget de l'Anah est en régression, le Haut Comité appelle à un programme
national d'aide au profit des personnes âgées qui ne disposent pas des moyens nécessaires : les dépenses en la matière sont très vite récupérées par les économies de services ou de recours à un accueil en établissement.
Pour adapter l'habitat privé, le Haut Comité propose d'instituer un programme spécifique de l'ANAH et d'ouvrir l'accès, dans le cadre des travaux de maintien en logement indépendant, à un prêt dont le remboursement serait gagé sur la valeur du bien.
Pour les locataires, le Haut Comité recommande d'adapter le logement social à sa clientèle nouvelle, en développeant la classification du parc social en fonction de son adaptation et de celle de son environnement au handicap et au vieillissement, en attribuant prioritairement les logements adaptés à des personnes handicapées ou âgées, en incluant dans les conventions d'utilité sociale (CUS) des objectifs d'adaptation des logements au vieillissement, et en engageant un plan de formation des personnels...
Enfin, l'adaptation de l'habitat ne doit pas concerner uniquement l'existant : pour promouvoir la construction d'un habitat adapté au vieillissement, le Haut Comité propose de créer un programme national d'incitation à la construction de logements pour personnes âgées en centre-bourg, à proximité des commerces et des transports, et de développer des petites opérations de logements sociaux pour personnes âgées.
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