Situation paradoxale du marché immobilier faite d'attentisme - on reporte des projets en attendant d'y voir plus clair dans l'avenir économique, politique, fiscal -, de prix qui se maintiennent peu ou prou et d'attitude de plus en plus restrictive des banques dans l'octroi des crédits : conditions de solvabilité et d'apport personnel draconiennes et durées de remboursement plus courtes. Alors même que les taux d'intérêt n'ont pratiquement jamais été aussi favorables !
Les tendances annoncées le 31 mai par les notaires franciliens pour l'ancien - L'Ile-de-France n'est pas la France mais elle donne le ton et malheureusement les notaires sont toujours incapables de donner une situation de l'immobilier de province en dehors d'indices INSEE élaborés avec grand retard - vont dans le même sens que les chiffres de la commercialisation des logements neufs publiés il y a quelques jours par le ministère du logement.
Certes, leurs chiffres de nombre de ventes pour le 1er trimestre 2012 restent élevés, mais il s'agit des ventes signées en acte authentique - donc des transactions conclues au cours d'une période floue allant de septembre à décembre 2011 - et surtout elles sont "tirées" par une activité forte de signatures en janvier pour profiter d'une fiscalité (plus-values, Scellier) et de conditions de financement (PTZ+) encore favorables. Les signatures de logements anciens ont baissé de 16% entre février 2011 et février 2012 et de 21% entre mars 2011 et mars 2012. Enfin, les premières observations disponibles pour avril 2012 laissent anticiper une baisse des ventes qui avoisinerait 20% pour ce mois.
Dans cette situation de quasi effondrement des ventes, qui était pressenti par le quasi-effondrement du volume des crédits immobiliers annoncé début mai, les prix ne montrent qu'une légère "érosion", ce qui ne surprend pas les notaires franciliens : "les prix résistent traditionnellement initialement à la baisse des volumes, surtout dans un marché aussi tendu que celui de l'Ile-de-France", indiquent-ils dans leur communiqué. Cependant, tous les secteurs géographiques et tous les types d'habitat ont connu une stabilisation ou un tassement des prix au 4ème trimestre 2011 et visible dans les chiffres des signatures pendant les 3 premiers mois de 2012.
Sur le plan national (chiffres INSEE) les prix des logements anciens des ventes signées au 1er trimestre ont diminué de 0,7% par rapport au trimestre précédent selon les données provisoires corrigées des variations saisonnières (CVS) : -0,3% pour les appartements et –1,0% pour les maisons.
En province, ils ont diminué de 1,0% (CVS) : -0,4 % pour les appartements et -1,3 % pour les maisons. En Ile-de-France, ils ont progressé de 0,1% (chiffres provisoires CVS). La légère hausse des prix des maisons (+0,6%) est contrebalancée par la très légère baisse des prix des appartements (-0,1%). Dans Paris, le prix au m² (valorisation des indices Notaires-INSEE) y ressort à 8.260 euros au 1er trimestre 2012, en baisse de 1,1% par rapport au 4ème trimestre 2011. Pendant cette période, seuls 5 arrondissements affichent encore des prix en hausse alors qu'ils reculent dans les 15 autres arrondissements, avec une diminution qui atteint 5,8% dans le 6ème arrondissement. Cette érosion récente et modérée laisse dans Paris, au 1er trimestre 2012, un prix au m² qui est encore supérieur de 7% au prix du 1er trimestre 2011.
Les "indicateurs avancés" (en fait les indices établis à partir des promesses de vente pour le moment uniquement dans Paris intra muros), donnent de premières tendances sur les prix des signatures jusqu'en juillet. Le prix de vente moyen dans Paris s'établirait autour de 8.200 euros le m², en recul de 2% sur le point haut des prix constaté en novembre 2011 (8.380 euros).
Ces données sont confirmées par le courtier en agences immobilieères Meilleursagents.com, qui compile les promesses de vente : "nous sommes dans un marché extrêmement rétréci en volume, avec une baisse de 30% des promesses au premier trimestre par rapport à la même période de 2011", indique notamment Sébastien de Lafond, son président, dans des propos rapportés par le Monde. Toujours selon le quotidien, chez Century 21, on constate que les volumes de vente au niveau national ont chuté de 20 % en mai sur un an après une baisse de 15% en avril. " Les prix n'ont pas assez reflué pour déclencher un regain de transactions. Les vendeurs mettent encore en vente au-dessus du prix du marché et ça ne se vend pas", regrette Laurent Vimont, président de Century 21.
Quant aux prix, Century 21 ne constate qu'un recul limité, de 2,09% au niveau national entre le second semestre 2011 et le premier trimestre, et de 0,06% à Paris.
|