Le secrétaire d'Etat au logement, Benoist Apparu, a présenté le 25 janvier un bilan 2011 très flatteur du financement de la construction et de la rénovation des logements sociaux. Près de 124.000 logements locatifs sociaux ont été financés, dont 116.128 en métropole et 7.900 outre-mer. Il faut y ajouter 18.447 logements au titre de la reconstitution de l'offre suite aux démolitions dans le cadre des opérations ANRU de renouvellement urbain et 7.108 prêts sociaux de location-accession (PSLA) qui permettent de soutenir l'accession sociale à la propriété. Les logements neufs représentent un investissement de 13,5 milliards d'euros et les acquisitions-améliorations devraient susciter près de 700 millions d'euros de travaux.
L'offre financée a été recentrée sur les ménages prioritaires avec 20,4% des logements sociaux financés par des prêts locatifs aidés d'intégration (PLAI) en 2011, contre 18% en 2009. Cela représente 23.432 logements PLAI supplémentaires, soit près de cinq fois plus qu'au début des années 2000. Par ailleurs, la prise en compte du développement durable commence à avoir des effets : près de 60% des logements financés en 2011 devraient obtenir un label BBC (bâtiment basse consommation) contre 34% en 2010. S'agissant du parc ancien, depuis 2009, 100.000 logements sociaux énergivores ont été rénovés grâce à l'éco-prêt logement social, entraînant une diminution de 55% de leur consommation énergétique. La moitié des économies de charges qui en résultent sont acquises aux locataires. Pour atteindre l'objectif fixé par le Grenelle de l'environnement de rénover 70.000 logements par an d'ici 2020, l'éco-prêt logement social a été reconduit au-delà de 2011, sans contingentement.
En 2012, le gouvernement assure que les efforts en matière d'offre de logements locatifs sociaux seront poursuivis avec pour objectif le financement de 120.000 logements, dont 22.500 logements très sociaux (PLAI) et l'accentuation du recentrage de l'offre vers les zones tendues.
Il n'est cependant pas sûr qu'un tel objectif soit réalisable : le monde HLM subit de plein fouet l'augmentation de la TVA sur les travaux d'entretien (les sociétés d'HLM non assujetties à la TVA ne la récupèrent pas), et peut-être bientôt la "TVA sociale" qui ne sera pas compensée par la baisse des cotisations, les ponctions sur le 1% pour le financement de l'ANAH et la lutte contre l'habitat indigne, une ponction sur leurs fonds propres, le désengagement progressif de l'Etat du financement de la construction, la fin annoncée des subventions de la rénovation urbaine et du programme national de requalification des quartiers anciens dégradés (PNRQAD), la difficulté d'augmenter les loyers en raison de la précarisation croissante de ses locataires et du plafonnement des aides à la personne, la montée des impayés, etc. Sans mesures fortes comme la mise à disposition de foncier à coût maîtrisé ou sur bail emphytéotique (puisque les aides à la pierre ne sont plus dans les moyens de l'Etat), c'est pratiquement la moitié de la capacité d'autofinancement des organismes qui se voit ainsi amputée.
Or la solution avancée par le gouvernement pour compenser son désengagement, à savoir la vente des logements aux locataires, réaffirmée avec une insistance toute idéologique par le président de la République et le parti majoritaire n'est tout simplement pas praticable à grande échelle ; sur un objectif de 40.000 ventes par an, il est douteux que le chiffre de 10.000 puisse être atteint, et ce pour trois raisons : la complexité de la mise en vente et du passage en copropriété d'un ensemble immobilier, le fait que seuls les immeubles bien situés en centre ville ou dans de "bonnes" périphéries sont vendables, et le fait que peu de locataires du logement social ont les moyens et le souhait de devenir propriétaires...
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