C'est en tous cas ce qui ressort d'une étude de Cerqual, organisme certificateur filiale de l'Association Qualitel, qui contredit l'idée répandue par les promoteurs selon laquelle la nouvelle règlementation thermique, la RT 2012, conduirait à une hausse des coûts de construction de 10 à 15%. Rappelons que depuis le 28 octobre dernier, les bâtiments destinés aux logements construits en zone ANRU doivent respecter la RT 2012, nouvelle réglementation qui vise à limiter les consommations énergétiques des logements neufs. Sa mise en œuvre sera effective dès le 1er janvier 2013 pour tous les autres bâtiments d'habitation.
L'objectif de l'étude était d'évaluer l'impact de la RT 2012 sur les bâtiments neufs d'habitation labellisés BBC (bâtiment basse consommation) Effinergie 2005 et voir s'il est possible de l'appliquer sans sur investissement sur des opérations telles qu'elles sont réalisées aujourd'hui. Les résultats sont encourageants.
Cette étude a été présentée aux professionnels en septembre et octobre derniers lors du Tour de France annuel de Cerqual. Elle a comporté des simulations concernant huit opérations de logements neufs situées dans différentes zones climatiques (Tourcoing, Nantes, Saint-Jory, Nice, Vénissieux, Wittenheim, Mantes la Jolie et Vincennes). Ces programmes, tous certifiés avec l'option BBC Effinergie 2005, ont été analysés par deux bureaux d'études thermiques et un économiste de la construction, qui a évalué les montants des modifications à apporter au bâti.
La RT 2012 s'appliquant de manière progressive par paliers, l'étude a adapté ses simulations aux périodes concernées : actuellement, à partir de 2015 et ultérieurement, dans l'optique de la mise en place d'un nouveau label encore plus exigeant (1).
Résultat : sur le plan économique, l'étude révèle que les sur investissements induits par la RT 2012 restent limités, et ce, quelles que soient les solutions énergétiques utilisées par les bâtiments (gaz, électricité, pompe à chaleur…). Les surinvestissements varient de 0,5 à 3,5% au maximum si on conserve les mêmes solutions énergétiques. Ils ont plusieurs origines : des coûts liés aux exigences de moyens (respect minimal de la règle des 1/6 pour l'accès à l'éclairage naturel, et la mise en place d'un comptage), et des coûts dus au renforcement sur l'enveloppe pour les solutions électriques (panneaux rayonnants et eau chaude sanitaire thermodynamique individuelle et collective).
Concernant les effets sur les modes de construction, l'étude souligne qu'il n'existe pas d'infaisabilité technique pour passer du BBC 2005 à la RT 2012. Elle exhorte en outre les professionnels du bâtiment à exploiter au maximum les qualités bioclimatiques des sites (implantation, orientation et apports solaires, les énergies renouvelables disponibles sur le site), et à vérifier que les compétences techniques nécessaires sont présentes localement.
Selon Jean-Yves COLAS, Directeur Etudes et Recherches de Cerqual, "les résultats de l'étude sont particulièrement rassurants. Ils démontrent que les surcoûts restent limités si l'enveloppe des bâtiments a été bien conçue et que la RT 2012 s'inscrit dans la continuité du label BBC. La filière de la construction des logements est prête à relever ce nouveau défi qui conduit à la généralisation des bâtiments basse consommation. Il convient à présent d'inscrire durablement dans les gènes de l'ensemble de la filière ce nouveau mode de concevoir et de construire à partir de matériaux et de procédés nouveaux."
La RT 2012 vise à impulser une dynamique de construction de bâtiments à très faible consommation d'énergie. Parmi les exigences de moyens qu'elle implique, la RT 2012 nécessite notamment une surface vitrée supérieure ou égale à 1/6 de la surface habitable, le recours aux énergies renouvelables ou solutions alternatives en maison individuelle, un niveau de perméabilité de l'air à atteindre, le traitement des ponts thermiques, et des systèmes permettant de mesurer ou d'estimer les consommations d'énergie de chaque logement.
En termes de résultats, trois indicateurs caractérisent la qualité énergétique d'un bâtiment. Ils correspondent aux trois exigences globales que doit respecter un bâtiment neuf pour être conforme à la RT 2012 :
- le Bbio : besoin bioclimatique conventionnel en énergie d'un bâtiment pour le chauffage, le refroidissement et l'éclairage artificiel qui valorise la conception bioclimatique (implantation, orientation des baies, accès à l'éclairage naturel, et isolation performante). Cette exigence d'efficacité énergétique du bâti implique une limitation simultanée du besoin en énergie pour les composantes liées au bâti ;
- le Cep : consommation conventionnelle d'énergie primaire d'un logement pour 5 usages (chauffage, refroidissement, production d'eau chaude sanitaire, éclairage, auxiliaires de chauffage et de ventilation). Le Cep maximum est fixé à 50 kWh/m²/an contre 150 kWh/m²/an environ avec la RT 2005. Une tolérance de 7,5 kWh supplémentaires est attribuée aux logements collectifs jusqu'au 1er janvier 2015 ;
- le Tic : température intérieure de consigne atteinte. Cette exigence de confort d'été fixe la température intérieure atteinte au cours d'une séquence de 5 jours chauds inférieure à 26 C°.
La RT 2012 ayant été élaborée pour garder ouvert le champ des possibles, elle donne au Maître d'ouvrage une grande liberté dans l'optimisation de son bâtiment, tant sur le plan architectural que technique. Grâce à cette nouvelle réglementation, le saut énergétique réalisé dans la construction neuve induira des économies d'énergie primaire de 150 milliards de kWh et des émissions de gaz à effet de serre évitées jusqu'à 35 millions de tonnes sur la période 2013-2020.
(1) Trois niveaux de consommation d'énergie primaire ont été pris en compte :
- le niveau 57,5 kWh/m²/an, modulé des coefficients réglementaires conformément à l'exigence de la RT 2012 applicable jusqu'à fin 2014 ;
- le niveau 50 kWh/m²/an requis à partir de 2015,
- et un dernier seuil à 45 kWh/m²/an, axe de réflexion mené par Cerqual pour les futurs labels.
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