Une enquête du Crédit Foncier contredit au moins partiellement l'idée que s'échinent à faire passer les professionnels, selon laquelle la hausse des prix de l'immobilier n'aurait aucune cause spéculative et ne serait due qu'au déséquilibre entre une offre insuffisante et une demande "boostée" par par la démographie et les évolutions sociologiques (divorces, décohabitation, etc.).
Le Crédit Foncier a fait étudier 4 générations d'accédants immobiliers
en interrogeant 60 personnes de 4 générations d'emprunteurs du Crédit Foncier, primo accédants en 1980, 1990, 2000 et 2010, pour comprendre l'évolution des motivations, les attentes de ses clients ainsi que pour dresser le bilan de leur perception et de leur représentation de l'achat immobilier. Parallèlement, 1.600 personnes ont été sondées par l'institut de sondage Harris Interactive sur les mêmes thèmes. Il en ressort que les acquéreurs, toutes générations confondues, considèrent que l'immobilier apporte sécurité et liberté (avoir son propre toit et avoir un capital pour voir venir), et permet d'économiser un loyer. L'envie de devenir propriétaire existe, quel que soit le contexte, avec un enthousiasme qui ne se dément pas, les années passant. Autre constante : acquérir un bien immobilier est un acte réfléchi, résultat d'une longue maturation. "On ne devient pas propriétaire sur un coup de tête", indique le commentaire.
Par contre, la génération 2010 s'avère plus "stratège" et "opportuniste" que les trois précédentes : elle arbitre aisément entre achat et location et met moins d'affect dans l'acquisition immobilière ; par ailleurs, ce n'est pas tant le niveau de prix qui la préoccupe que la perspective de devenir propriétaire et de réaliser une plus value. Ainsi, ces primo accédants sont à 63,8% motivés dans leur décision d'achat par "la volonté d'investir dans la pierre pour pouvoir revendre plus tard avec une plus-value", alors que ce chiffre n'était que de 47,2% pour la génération 80. De même, l'intention de "revendre dès que possible pour acheter un logement de plus grande valeur" est passée de 4,2% dans les années 80 à 22% avec les primo accédants de 2010 (les chiffres sont respectivement de 8,9% pour les années 90 et de 13,5% pour les années 2000). Ce qui peut s'expliquer par la nécessité, compte tenu de la hausse des prix, de passer par une étape intermédiaire avant d'acheter un bien totalement adapté à ses besoins.
Paradoxalement, ce contexte de hausse des prix permet aux acheteurs d'aujourd'hui de ressentir davantage de fierté de devenir propriétaires (67% contre 54% pour la génération 2000). La génération 2000, favorisée par un contexte économique favorable, se déclare "la plus satisfaite", les acheteurs des années 1990 se disent "raisonnables" et ceux des années 1980 mettent en avant les "sacrifices" consentis pour rembourser son emprunt. Ainsi, cette tranche d'âge a probablement contribué à favoriser la hausse des prix !
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