L'industrie de l'ascenseur (150 entreprises, 20.000 salariés, dominée par 4 groupes : Koné, Otis, Schindler et ThyssenKrupp) a vu son chiffre d'affaires reculer en 2010 sous le double effet de la diminution des mises en chantier de constructions neuves de 2008-2009, et de la fin de la première phase des travaux de sécurisation des ascenseurs existants, en attendant le démarrage des commandes pour les prochaines échéances, fixées pour le moment au 3 juillet 2013 et 3 juillet 2018. Selon la Fédération des ascenseurs, qui tenait conférence de presse le 29 avril, ce ralentissement constaté depuis le 2ème semestre 2008 entraîne des difficultés pour certaines entreprises d’ascenseur, qui se retrouvent aujourd’hui en sous charge et sur-effectif.
On comprend d'autant mieux la pression exercée sur les pouvoirs publics par les professionnels de l'ascenseur pour que le décalage de 2 ans des prochaines échéances de réalisation des travaux de sécurisation prévus par le décret du 9 septembre 2004, voté par le parlement dans la loi "MLLE" ou loi "Boutin", loi du 25 mars 2009, ne soit pas appliqué. Non sans succès puisque le secrétaire d'Etat au logement, Benoist Apparu, vient encore de confirmer à la mi-avril qu'il ne prendra pas le décret d'application de la loi...
Avec le risque - dénoncé par les associations de consommateurs - de voir une fois de plus les propriétaires d'ascenseurs, et notamment les copropriétés se décider au dernier moment, avec à nouveau des ascensoristes débordés, et des prix qui flambent...
Les ascensoristes, accusés d'avoir quelque peu forcé la main de l'administration en lui faisant rendre obligatoires des travaux de sécurisation pas toujours justifiés, mettent en avant la réduction des accidents mortels et graves d’usagers correspondant aux travaux de la 1ère tranche, qui auraient été divisés par trois (sur les 5 dernières années et comparativement aux 5 années antérieures). Grâce en particulier : à la fermeture de la gaine sur toute la hauteur, au verrouillage plus sûr des serrures, à la tôle "chasse-pieds" empêchant les chutes en gaine lorsque les personnes sortent par leurs propres moyens en cas de cabine coincée entre 2 étages, au remplacement des limiteurs de vitesse et systèmes de parachute très anciens, à la protection contre les chocs liés à la fermeture brutale des portes.
Les accidents mortels de techniciens ont, quant à eux, diminué de 40% en 10 ans, sachant que seuls 20% des accidents les concernant sont couverts par les mesures de sécurisation devenues obligatoires. La sécurisation des accès au local des machines, et de la protection contre le risque d’écrasement en partie supérieure de gaine, ou dans la cuvette. y sont pour beaucoup.
C’est pourquoi, selon la Fédération des ascenseurs, il est essentiel d’aller jusqu’au bout de la démarche : "un report de la deuxième et de la troisième tranche de travaux impliquerait la permanence de certains risques (chutes liées au décalage de seuil de la cabine qui constitue le plus grand nombre d’accidents, risque de dérive ou vitesse excessive, accidents en relation avec les oculus des portes palières, mise en danger des techniciens), et retarderait l’installation d’un dispositif de télé-alarme indispensable pour déclencher le plus rapidement possible l’assistance aux personnes bloquées. Et de fait, un tel report entraînerait un coup d’arrêt à la démarche des propriétaires qu’il serait difficile de réactiver ensuite, et des problèmes pour les entreprises qui seraient confrontées au goulot d’étranglement connu au début de la mise en oeuvre de la loi en 2006 et 2007".
A défaut de convaincre les copropriétaires, les professionnels ont au moins convaincu le gouvernement...
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