Selon la Fédération des ascenseurs, alors que l'échéance - déjà reportée une fois - de réalisation de la première tranche des travaux de sécurisation imposée par la loi "urbanisme et habitat de 2003 approche, 20% des ascenseurs n'avaient pas subi, fin septembre, les travaux nécessaires. Essentiellement en copropriété, où en pleine crise économique les copropriétaires sollicités font de la résistance en raison du montant et de la complexité des devis, et aussi du manque de confiance dans les ascensoristes !
Les débats sont vifs dans les assemblées générales, et les copropriétaires sont sensibilisés par la dénonciation de nombreux abus : travaux non obligatoires insérés subrepticement, prix excessifs, etc. L'ARC (Association des responsables de copropriété) en a mis en ligne sur son site toute une collection. Le coût moyen de 20.000 euros par immeuble, estimé par la fédération des ascenseurs se situerait selon l'ARC plutôt dans une fourchette de 20.000 à 50.000 euros. L'UFC-Que Choisir, qui s'était penchée sur le sujet en 2008, avait fait une estimation de 22.000 euros par ascenseur, soit le double de ce qui était prévu lors du vote de la loi.
Pour les associations de consommateurs, ce renchérissement provient d'un manque de concurrence dans un marché largement dominé par quatre grands acteurs : Otis, Schindler, Thyssen et Koné. Avec des plannings pleins, ils se sont révélés peu motivés pour tirer les prix. Pour être conseillés, mieux vaut pour les copropriétaires de faire appel à un bureau d'études spécialisé, indépendant des ascensoristes.
A noter tout de même une retombée positive de toute cette opération : les propriétaires d'ascenseurs, ayant dû élargir leurs appels d'offres à d'autres ascensoristes que l'installateur d'origine, ont envisagé plus facilement de faire jouer la concurrence aussi pour le contrat d'entretien. Résultat : les quatre "grands" auraient perdu des dizaines de milliers de contrats au profit de petits ou moyens ascensoristes alternatifs. La protection qui maintenait jusque là la clientèle captive des installateurs, le "verrouillage technologique", pratique anti-concurrentielle par excellence, est de moins en moins admis, et un décret serait même en préparation interdisant toute entrave à l'accès aux pièces de rechange et aux techniques de mise en oeuvre permettant à un ascensoriste d'entretenir des installations qui ne sont pas de sa marque...
Autre sujet pour lequel le gouvernement est sollicité : le report éventuel des deux prochaines échéances, celles de 2013 et de 2018, autorisé par la loi "Boutin" du 25 mars 2009. Sans surprise, la Fédération des ascenseurs est contre. Interpellé sur ce sujet au Parlement, le secrétaire d'Etat Benoist Apparu avait répondu qu'il souhaitait attendre la fin de 2010 pour faire un point sur l'avancement des travaux et décider ensuite de donner ou non plus de temps aux propriétaires. Selon les statistiques de la Fédération des ascenseurs, la part du parc ayant subi des travaux pour les deux prochaines échéances n'a que très peu progressé depuis le début de l'année : 40% pour 2013, et 17% pour 2018 à la fin de septembre...
|