C'est la prévision annoncée pour l'année 2010 à l'occasion de la présentation le 6 juillet des chiffres du 1er semestre par le réseau Century 21, qui regroupe près de 900 agences en France et réalise près de 50.000 transactions de vente par an. Les ventes effectuées par les agences du réseau l'ont été à des prix moyens au m2 en augmentation de 8,5% sur un an, pour retrouver un niveau proche (-1,6%) de celui atteint avant la crise !. En termes de prix, la crise semble donc pratiquement effacée. pas tout à fait par contre pour les volumes de vente qui sont tout de même en augmentation de 24,6% (compromis signés au premier semestre 2010 par rapport au premier semestre 2009, au plus fort de la crise).
Ce rebond se traduit également par un raccourcissement des délais de vente : ces derniers sont passés de 101 jours au premier semestre 2009 à 82 jours au premier semestre 2010. Cette tendance se confirme sur la première partie de l'année 2010 : de 89 jours au premier trimestre 2010, le délai moyen de vente d'un bien n'est plus que de 76 jours au deuxième trimestre 2010. Même si les agences n'enregistrent aucun infléchissement dans le nombre de rentrées de mandats, ce resserrement des délais d'écoulement a pour corollaire un amoindrissement du nombre de biens en portefeuille. Ainsi, le site century21.fr propose à ce jour 50.000 biens à vendre dans l'ancien contre 63.000 au 1er juillet 2009.
Sans surprise, les dirigeants du réseau expliquent cette "résilience" dont fait preuve le marché de l'immobilier ancien par les taux d'intérêt historiquement bas, bénéficiant notamment aux primo accédants, de retour sur le marché dès le premier semestre 2009, mais aussi désormais à une autre typologie d'acquéreurs qui vient tirer le marché vers le haut et soutenir son activité : il s'agit des "secundo ou pluri accédants" et des CSP + (catégories socio-professionnelles élevées). En un an, la part des cadres supérieurs et des professions libérales parmi les acheteurs s'est accrue de 11,9%, tandis que celle des retraités a augmenté de 7,8% et celle des cadres moyens de 2,2%. A l'inverse, la proportion des employés/ouvriers ainsi que des commerçants artisans a diminué, respectivement de -6,2% et -2,3%.
Dans ce paysage, Paris fait selon Century 21 une fois encore figure d'exception, les niveaux de prix des transactions des agences du réseau ayant depuis longtemps dépassé leur plus haut. Au premier semestre 2010, le prix moyen de celles-ci au m² s'établit 5,4% au-dessus de celui enregistré au premier semestre 2008 (7079 euros par rapport à 6717) et il est 15% plus élevé qu'il y a un an.
Cette envolée n'affecte pas les volumes de vente qui enregistrent une augmentation de 11,3% sur un an et de 13,2% sur les trois derniers mois, tandis que le délai moyen de vente est de 48 jours au premier semestre 2010 (42 jours au deuxième trimestre 2010) !
Si le marché parisien bénéficie d'une santé insolente, c'est essentiellement grâce aux CSP + dont la présence a augmenté de 30,3% pour représenter 41,8% des acquéreurs (14,8% seulement France entière !), et grâce à la tranche des 60/70 ans qui progresse de 19,5% en un an. Ce phénomène a selon le réseau pour conséquence une "évaporation" des moins de 30 ans (-16,19% sur un an), ainsi que des ouvriers et employés (-21,4% sur un an). Autre corollaire : une nette diminution de la quotité de financement des acquisitions. Si, France entière, 76% du montant de l'acquisition sont financés par un prêt bancaire, ce niveau ne dépasse pas les 64,2% à Paris. Parallèlement, la durée de prêt a diminué de 9,4% en un an pour les acquisitions réalisées dans la Capitale.
Vu des agences Century 21, le marché francilien apparaît plus calme : les prix moyens au m² ont augmenté de 7,6% en un an mais se situent encore sous la ligne des -5% par rapport aux niveaux atteints au premier semestre 2008. L'activité est au beau fixe et les délais de vente se situent entre ceux de Paris et de la France entière, à 69 jours en moyenne au premier semestre 2010. Sur ce marché, les cadres supérieurs et les professions libérales ne représentent que 12,5% des acquéreurs, leur part tend cependant à augmenter depuis un an (+24%).
Alors que ces chiffres devraient combler d'aise les agents immobiliers, le président de Century 21 France, Laurent Vimont, n'a cessé de la journée de dire dans tous les médias tout le mal qu'il pendait de ce "rattrapage" qu'il juge prématuré, et qui peut selon lui entrainer un nouveau blocage du marché, les prix atteignant dans contexte économique déprimé les limites de la capacité d'achat des candidats.
Selon lui, à l'exception de Paris, une ligne de résistance semble exister sur laquelle butent systématiquement les prix. Elle se situe autour de -5% du niveau de prix atteint au premier semestre 2008. Dès que les prix franchissent ce seuil, les ventes se grippent, contraignant le marché à réajuster ses prix à la baisse afin que l'activité redémarre. Ce scénario a déjà pu être observé en Basse-Normandie par exemple : dès lors que les niveaux de prix ont dépassé la barre des -5% par rapport aux niveaux atteints au premier semestre 2008, le volume des ventes s'est fortement contracté pour obliger le marché à plus de raison, et les prix ont baissé de -6,5% entre le second semestre 2009 et le premier semestre 2010.
Du coup, aujourd'hui, les prix rejoignent ceux du premier semestre 2008 et les possibilités d'acheter ne tiennent qu'à la faiblesse des taux d'intérêt. Toute évolution à la hausse trop importante de l'un ou l'autre de ces deux facteurs entraînera inéluctablement une crispation du marché qui n'évoluera alors que sous la pression des secundo ou pluri accédants, rendus solvables par la vente des biens qu'ils possèdent déjà et dont le "cours" est indexé à celui du marché.
Aucune frénésie par contre sur les loyers :au 1er juillet, les loyers ont augmenté de 0,35% seulement par rapport au 2ème semestre 2009. les dirigeants de Century 21 rappellent que l'année 2009 était marquée par l'abondance de livraisons de logements neufs, et 2010 est une année de moindres livraisons. La situation économique aurait pu conduire à la baisse des loyers, mais la demande ne trouve plus en face d'elle une offre de neuf aussi abondante. En conséquence, la pénurie générale du logement en France a causé le maintien des loyers malgré les difficultés financières des ménages.
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