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Affaire Urbania : il y a-t-il vraiment le feu ?
12/6/2010
Officiellement il n'y a aucun lien. Mais lorsque l'on découvre la sévérité du projet de loi que le ministère de la justice s'apprête à transmettre au Conseil d'Etat (1), il est difficile de ne pas y voir un puissant contre-feu à un scandale imminent et potentiellement de grande ampleur, dont les pouvoirs publics - Bercy notamment - semblent avoir eu connaissance depuis l'automne 2009.
En effet, si ce qu'on appelle l' "affaire Urbania" n'a éclaté dans la presse, sur fuites organisées, que fin mai, les actions en justice de la Société Générale, l'enquête préliminaire pénale et la saisine du CIRI (Comité interministériel de restructuration industrielle) datent de plusieurs mois. Et voir le ministère de la justice sortir d'un chapeau des textes de réforme de la copropriété et de l'encadrement des syndics, dont personne ne connaissait le projet, ne peut être tout à fait fortuit...
Du coup, au vu de mesures d'une gravité sans précédent, que le gouvernement n'avait jamais osé jusqu'ici envisager à l'encontre d'une profession qui se croyait encore protégée - voir le discours de Christine Boutin au congrès de la CNAB fin 2007 -, on est en droit de s'interroger sur ce qui a pu le décider de braver les protestations qui s'annoncent et rompre les digues que les fédérations de syndics avaient réussi à maintenir...
Depuis le début du mois, plus aucune information ne filtre sur ce groupe qui gère - entre autres - plusieurs milliers de copropriétés de toutes tailles, dont certaines aux budgets de plusieurs dizaines de millions d'euros. Peut-être n'est-ce qu'une péripétie sans conséquences d'une entreprise avec ses banquiers, comme l'affirment les dirigeants d'Urbania. Mais les informations distillées, selon l'interprétation qu'on leur donne, peuvent laisser présager le pire pour des centaines de milliers de clients.
Il serait donc temps que les ministères de tutelle disent clairement ce qu'il en est, s'il y a réellement un passif de l'ordre de ce qui a été mentionné (500 millions) auquel cas aucune solution de reprise ne serait envisageable, si le garant financier du groupe (le Groupement français de caution) peut faire face à un tel sinistre, si les banques ont une responsabilité dans la situation et s'il leur sera demandé d'assumer !
Et surtout éclairer les copropriétaires des cabinets Urbania : peuvent-ils sans crainte payer leurs charges et les appels pour travaux ? Leurs fonds sont-ils protégés en cas de défaillance financière de leur syndic ? Les Conseils syndicaux doivent-ils demander des balances de comptes régulièrement pour le cas où ils auraient à justifier leur créance dans le cadre de la garantie financière ?
Des associations de copropriétaires ont déjà pris le risque de conseiller à leurs adhérents d'attendre avant de régler leurs charges : peut-on laisser faire ce qui peut dans les copropriétés précipiter la crise ?
A l'approche de l'appel de provisions du 1ere juillet, il y a urgence : faute de rassurer de manière crédible - par des faits et non des déclarations lénifiantes -, la défiance risque de se propager comme une traînée de poudre, au moment même où les pouvoirs publics auront plus que jamais besoin des syndics pour mettre en oeuvre les objectifs du "Grenelle de l'environnement" dans un parc immobilier de près de 9 millions de logements !