Cri d'alarme de Jean Lardin, Président de la CAPEB (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment, qui regroupe 356.000 entreprises artisanales du bâtiment) dans un communiqué du 10 avril : l'artisanat du bâtiment serait en perte de vitesse (-4%) au 1er trimestre 2009 ! Le repli observé fin 2008 pour les entreprises artisanales du bâtiment se serait en effet amplifié au cours du 1er trimestre 2009, cette tendance touchant plus particulièrement le neuf mais aussi l'entretien-rénovation, qui souffre également de la dégradation continue des carnets de commandes. Côté emploi, même si la volonté de maintenir les effectifs domine pour la plupart des entreprises interrogées, une perte 15 à 20.000 emplois est à craindre d'ici la fin de l'année.
Ces chiffres correspondent en réalité au recul enregistré dans le secteur du bâtiment dans son ensemble (soit –4,5% en volume et -1,5% en valeur sur le 1er trimestre 2009). Le corps de métier le plus touché est la maçonnerie, qui enregistre une baisse -5% en volume. Le secteur de la couverture-plomberie-chauffage est le moins touché, mais cède tout de même -2,5%.
Si l'ensemble du territoire est impacté, les régions les plus touchées sont le Sud et l'Ile-de-France. L'Ouest et la Région Rhône-Alpes résistent mieux à la tourmente.
Dans un contexte de baisse du pouvoir d'achat, les particuliers semblent moins enclins à effectuer des travaux. Depuis octobre 2008, 90% des entreprises artisanales constatent une diminution de leurs carnets de commandes sur ce segment de clientèle. Le repli se confirme en ce 1er trimestre 2009, même si une légère augmentation des commandes se ressent en mars. La visibilité sur les chantiers futurs s'est réduite en moyenne de 3 jours par mois au cours des 6 derniers mois, pour s'établir à 90 jours au 31 mars. Ces chiffres masquent cependant une réalité plus contrastée : 15% des artisans ont moins d'un mois d'activité devant eux, tandis que 10% disposent encore de plus de 5 mois de prises d'ordre à honorer (1).
Les entreprises s'inquiètent en outre de la détérioration croissante de leur trésorerie, dans un contexte où les banques durcissent l'octroi de facilités de caisse. Seules 3% des entreprises affichent une amélioration. Et la baisse des prix consécutive à la crise risque d'engendrer une dégradation importante des marges des entreprises, ces dernières ayant déjà dû faire face à un renchérissement relatif des matériaux. Pour Jean Lardin, "si la baisse des prix devait avoir un effet stimulant sur le marché en augmentant la demande, le risque est que les ménages se montrent finalement attentistes, recherchant une baisse toujours importante et retardant leur investissement. Dans ce cas, cela finirait par produire des effets récessifs sur le marché."
Pour relancer l'activité au second semestre, la CAPEB compte beaucoup sur le relais de croissance que constituent les mesures du Grenelle et du plan de relance. La mise en place de l'éco-prêt à taux zéro, disponible dans les banques depuis le 1er avril, devrait en particulier relancer la demande en incitant les ménages à effectuer des travaux de rénovation. Avec 78 % du marché détenu, l'entretien-réhabiliation constitue le principal débouché pour les artisans du bâtiment. Impliquant tous les corps d'état, les travaux d'amélioration de la performance énergétique seront l'occasion pour les artisans du bâtiment de mettre en œuvre de nouvelles compétences, et de confirmer leur rôle de conseillers de proximité auprès des particuliers via la marque "ECO Artisan".
(1) résultats d'une enquête réalisée par l'Institut I+C auprès d'un panel de 1.300 entreprises artisanales du bâtiment.
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