Alors que les décisions de justice ordonnant le démontage d'antennes-relais, qui ont relancé le débat sur les dangers potentiels des ondes de radiofréquence utilisées pour la téléphonie mobile et les technologies sans fil, risquent de se multiplier, le "Grenelle des ondes" ouvert le 26 mars dernier vient après un mois de travaux de se terminer très exactement sur l'hypothèse annoncée au départ par le Premier ministre François Fillon ; celui-ci souhaitait, selon les termes mêmes du communiqué annonçant le mandat donné à Roselyne Bachelot, ministre de la santé, pour organiser une table ronde sur les dangers potentiels des téléphones mobiles et des antennes-relais, que le débat qui allait s'ouvrir fasse la distinction entre téléphones portables et antennes-relais. Selon lui, "bien que les expertises disponibles ne permettent pas de conclure sur le lien éventuel entre utilisation de téléphonie mobile et un risque de cancer", une approche de précaution paraît justifiée. En revanche, concernant les antennes-relais, l'hypothèse d'un risque de santé pour les populations vivant à proximité des antennes-relais de téléphonie mobile ne peut être retenue en l'état actuel des connaissances scientifiques et compte tenu des faibles niveaux d'exposition autour de ces installations"...
Dans ses conclusions, le gouvernement a repris la même approche : il distingue les téléphones portables, pour lesquels il y a "des incertitudes", et les antennes-relais, sur quoi "personne n'a pu conclure qu'il y avait un risque", selon Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'Ecologie, qui supervisait les discussions entre les associations, les opérateurs de téléphonie mobile et les élus, avec Roselyne Bachelot (Santé) et Nathalie Kosciusko-Morizet (Economie numérique).
Les associations anti-téléphonie mobile Priartem et Agir pour l'environnement ont annoncé qu'elles suspendaient leur participation au comité de suivi de cette table ronde réunissant des associations, des opérateurs et des élus. Pour eux, le document de travail rédigé à l'issue de cette table ronde est "une coquille vide".
Pas de moratoire
Elles n'ont notamment pas obtenu satisfaction sur une de leurs principales revendications : il n'y a pas de moratoire sur les antennes, ni d'abaissement généralisé des seuils d'émission tolérés. "Le moratoire n'a pas fait consensus, ni l'abaissement des seuils", a déclaré la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, pour qui l'essentiel est "qu'un débat ait pu s'engager".
Il a été décidé que l'Agence française de sécurité sanitaire (AFSS) rendra en septembre un nouveau rapport sur la dangerosité des ondes émises par les antennes-relais. En attendant, le document de synthèse de la table ronde juge qu'il n'est aujourd'hui pas possible de conclure à un danger des antennes, en s'appuyant sur des études de l'Organisation mondiale pour la santé (OMS).
L'association des maires des Grandes Villes de France (AMGVF) a souhaité que des expérimentations de diminution des champs d'exposition soient lancées "dès cet été" et "à l'échelle des villes". La ville de Grenoble s'est portée candidate. L'association française des opérateurs mobiles (AFOM) s'est dite "ouverte" à ces propositions, afin qu'il y ait une "sécurisation juridique" des opérateurs. "Trouvons une procédure qui permette que les litiges ne se règlent pas devant les tribunaux", a déclaré son président.
Les essais et la recherche seront financés par une redevance versée par les opérateurs. "L'opérateur a suffisamment de marge pour pouvoir assumer cela", a déclaré hier Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'Ecologie.
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