Tel est le titre d'un article du quotidien le Monde, qui attire l'attention sur une nouvelle crise des banlieues qui se prépare, en silence, non plus dans les banlieues populaires et quelques dizaines de villes comme Clichy-sous-Bois, Argenteuil, Vaulx-en-Velin ou Vénissieux, entrées dans l'imaginaire collectif après des émeutes ou des épisodes de violences, mais dans la "grande banlieue" pavillonnaire, au milieu des champs, dans les lotissements "low cost" qui ont poussé comme des champignons à distance des grandes agglomérations.
Avec la hausse de l'immobilier nous dit l'article, ces espaces, qui illustrent la tendance historique à l'"étalement urbain", ont servi de refuge aux classes populaires et moyennes soucieuses d'accéder à la propriété individuelle. Or la conjonction des crises pétrolière et immobilière laisse craindre une profonde fragilisation économique et sociologique de ces territoires, pour au moins trois grandes raisons :
- les gains réalisés sur le prix du foncier, donc de l'immobilier, sont assez largement absorbés par l'explosion des coûts de transport dans des territoires où le recours à la voiture est indispensable ;
- le risque de dévalorisation des biens acquis dans ces secteurs est supérieur à la moyenne dans le contexte actuel, qui les place en première ligne face à une éventuelle baisse de l'immobilier ;
- les acquéreurs, endettés sur une longue durée (vingt-cinq ou trente ans), ne remboursent essentiellement, les premières années, que des intérêts de l'emprunt et seulement une part réduite du capital, d'où "une fragilité exacerbée face à l'évolution du marché immobilier"...
Et l'article de conclure que ce dernier aspect est une véritable bombe à retardement dans l'hypothèse d'une baisse significative de l'immobilier : soit parce que ces familles pourraient être amenées à revendre leur bien à perte, avec des conséquences néfastes en termes d'endettement, soit parce qu'elles subiraient une forme d'"assignation à résidence" : le temps de rembourser une partie suffisante du capital ou d'espérer une remontée de l'immobilier, elles se verraient interdire tout projet de mobilité ! Véritable piège pour les catégories sociales concernées, engluées dans leur parcours résidentiel, ramenées à ce qui définit le mieux selon l'auteur les classes populaires (l'absence de choix) et les classes moyennes (la peur de la relégation dans la strate sociale inférieure).
Si les effets de cette crise des banlieues lointaines ne risquent pas d'être aussi spectaculaires que dans les "grands ensembles", où les tensions sociales se télescopent avec les problèmes d'éducation, d'immigration et de jeunesse, ils risquent de se retrouver sur le plan électoral, les zones périurbaines s'étant déja manifestées dans les votes protestataires et notamment celui en 2002 en faveur du Front national. "Une population qui pourrait être tentée d'exprimer à nouveau, sous une forme ou sous une autre, son ressentiment face à l'effritement de ses rêves de propriétaire et à l'impuissance du politique". "Rendez-vous dès 2009 avec les élections européennes", conclut l'article...
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