Un promoteur en vue qui dévisse en bourse après avoir annoncé une baisse d'un tiers de ses ventes et de 71% de son bénéfice, une semaine après avoir mis en vente 260 logements sur le site www.vente-privee.com avec des remises de 5 à 7% sur le prix catalogue, un congrès de la FPC (Fédération des promoteurs constructeurs) qui ouvre son 38ème congrès le 19 juin à Saint-Malo en reconnaissant que la baisse est plus importante que prévu, et le professeur Michel Mouillart, de l'université de Paris X-Nanterre, analyste de l'immobilier d'autant plus écouté qu'il a mis longtemps à admettre la possibilité de l'existence d'une "bulle immobilière" en France, déclarant que la chute de près de 28% des ventes de logements neufs au premier trimestre, si elle se confirmait, serait un "choc d'une ampleur comparable à la crise du début des années 90" : la semaine a été chargée en nouvelles spectaculaires !
Les promoteurs attribuent la baisse de l'activité au changement d'attitude des banques dans l'octroi des crédits, à la montée des taux d'intérêt, plus rapide que prévu, et à l'attentisme des acquéreurs, plus marqué au deuxième trimestre, probablement en raison de l'incertitude économique générale.
Pour Michel Mouillart, "l'origine du mal réside dans le fait que les établissements de crédit n'ont pas confiance dans la stratégie de la Banque centrale européenne (BCE) pour le refinancement des établissements bancaires", leur frilosité de ce fait expliquant aussi la montée des taux d'intérêt, qui renforce la crise : le taux fixe moyen des prêts immobiliers sur 20 ans vient en effet de franchir la barre des 5%, un niveau jamais atteint depuis l'année 2003, selon un étude du courtier immobilier en ligne Empruntis.
Les mises en chantiers de logements, qui ont atteint 435.365 unités en 2007, pourraient descendre entre 410.000 et 420.000 en 2008 et même "tomber à 400.000, voire moins en 2009", selon Michel Mouillart, qui voit la stratégie du gouvernement potentiellement "anéantie par la politique monétaire de la BCE" !
De même que la volonté affichée du président de la République de faire de la France un "pays de propriétaires". Cette prévision est partagée par le groupe Caisse d'Epargne qui, dans son 7ème observatoire intitulé "Le logement, entre rêve et raison", doute que l'on puisse dans les années qui viennent faire progresser le taux de propriétaires, actuellement de 57% alors que l'objectif présidentiel est de 70, et pense que si l’accession revenait au niveau des années 1990, il pourrait même baisser d’environ un point d’ici à 2012.
Ce pessimisme n'empêche pas de constater que plusieurs secteurs de l'immobilier résisteraient bien à la crise, comme le centre de Paris, de plus de plus en plus recherché par les étrangers, ou "une multitude de micro-marchés dans les villes de province", ainsi que le souligne le directeur des études au Crédit Foncier, dont les propos sont rapportés par l'Express.
Autre marché qui se porterait encore bien : les zones de rénovation urbaine (ZRU) où - signe des temps - la TVA réduite à 5,5% permet à des familles d'accéder pour la première fois à la propriété...
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