Le 31 janvier dernier, l'OPAC de Paris en tête, les cinq grands bailleurs sociaux de la ville de Paris, regroupant 190.000 logements équipés de 8.000 cabines d'ascenseurs, ont publié un communiqué commun exprimant le sentiment général des gestionnaires de parcs immobiliers et syndics de copropriété contre les "carences d'entretien et de maintenance" des appareils. "5% des ascenseurs sont en permanence en panne. Cela concerne 12.000 logements et 30.000 habitants", indique Jean-Yves Mano, président de l'OPAC de Paris.
Les cinq bailleurs, qui consacrent 13,45 millions d'euros annuels pour la maintenance des appareils, accusent les ascensoristes de privilégier les travaux de mises aux normes des installations, rendus obligatoires par la loi Habitat et urbanisme de 2003, et de pratiquer une gestion de l'entretien et de la maintenance en flux tendu, qui se traduit par des délais d'attente aux longueurs imprévisibles pour obtenir les pièces de rechange. Ils reprochent à la profession de ne pas s'être mise en ordre de marche pour faire face à ses obligations après la loi de 2003 et la parution de ses textes d'application, en matière recrutement et formation, et dénoncent le manque de compétence des techniciens envoyés pour dépanner, mais aussi l'insuffisante normalisation des appareils.
La fédération des ascenseurs a immédiatement réagi à ces critiques, par la voix de son délégué général, Jean-Pierre Cadeau. Elle fait valoir que la situation évoquée correspond au contexte spécifique des HLM de Paris et "nullement de la réalité pour l’ensemble du parc national". Selon elle, les HLM concernés (environ 2 % du parc national) ont, sur certains sites, à faire face à des actes de malveillance et détournement d’usage qui entraînent des pannes fréquentes. Il en résulte des taux d’intervention de l’ordre de 10 par an (et parfois davantage), qui impliquent une grande disponibilité des ascensoristes. Ces derniers interviennent d’ailleurs parfois dans des conditions d’environnement (sécurité et hygiène) particulièrement délicates.
La fédération des ascenseurs - syndicat professionnel des ascensoristes qui représente 90% du secteur et regroupe plus de 100 entreprises - indique que par contre au plan national, le taux moyen est d’environ 3 pannes par an, sachant que ce taux se réduit progressivement avec les améliorations de fiabilité en relation directe avec les travaux de modernisation et de mise en sécurité...
La profession précise qu’elle n’est pas restée les bras croisés : plus de 5% de la masse salariale sont consacrés à la formation initiale et continue, et la fédération a créé à son initiative et en partenariat avec l’Education nationale, un diplôme en 2006 (mention complémentaire technicien ascensoriste 1 année en alternance après Bac pro). par ailleurs, un plan de recrutement de plus de 1.500 techniciens par an est déjà engagé et se prolongera sur les 10 années à venir afin d’accompagner la croissance de l’activité travaux et d’assurer le renouvellement de classes d’âge. En 2007, près de 2 000 techniciens ont été effectivement recrutés par la profession, précise la fédération.
Elle rappelle que 60% des 445.000 ascenseurs du parc français a plus de 20 ans, et que tant les textes d’application que la prise de conscience des différents acteurs ont tardé, entraînant un démarrage effectif de la modernisation seulement en 2006. La profession a du coup enregistré une croissance de plus de 60% de l'activité travaux en 2006, ce qui explique les difficultés, accentuées par le fait que certains propriétaires regroupent les deux premières tranches de travaux
Les ascensoristes, comme l'ensemble des acteurs s’accordent à reconnaître que l’échéance de 2008 ne pourra être tenue, d'où le report attendu d'un décret qui reportera la première échéance à fin 2010...
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