Ce n'est pas un poisson d'avril : tous les loueurs Airbnb de Paris susceptibles de dépasser les quatre mois de location par an vont recevoir un e-mail leur rappelant la règlementation parisienne, qui fixe des conditions à la location saisonnière. C'est le résultat d'un accord annoncé le 31 mars par la plate-forme et la Ville de Paris. Le but, selon un communiqué commun, est que "les locations de courte durée se développent sans avoir d'impact négatif sur les Parisiens". La réglementation prévoit qu'un particulier qui loue sa résidence principale ne peut la proposer plus de quatre mois par an. S'il veut la louer plus longtemps, le logement, qui n'est plus résidence principale, est alors considéré comme une activité économique. Le propriétaire devra alors "compenser" en offrant à la location traditionnelle une surface équivalente, dans le même arrondissement. L'amende peut atteindre 25.000 euros, avec en supplément une astreinte de 1 000 euros par jour si le contrevenant ne cesse pas son activité !
Le site Airbnb mettra également en avant ces informations et un bilan de l'opération sera effectué après une première période test de quatre mois. Dans des propos rapportés par l'AFP, Jean-François Martins, adjoint au Tourisme de la Maire de Paris Anne Hidalgo, reconnaît que ces mesures "ne règlent pas tous les problèmes mais permettent que tous les usagers soient informés des risques qu'ils prennent. C'est un pas de plus", s'est-il félicité .
Ce n'est pas le premier pas que la plateforme, bête noire de l'hôtellerie et des professionnels immobiliers, fait un pas vers la ville de Paris : Airbnb collecte en effet depuis octobre 2015 la taxe de séjour et la reverse à la Ville. La mairie de Paris s'alarme depuis plusieurs mois de la montée de la location de résidences principales et secondaires, fortement encouragée par la simplicité et la sécurité apportée par Airbnb, dont le succès est planétaire. Les Parisiens sont même, en proportion de la population, les plus nombreux à proposer, à l'occasion de leurs départs en vacances, la location de leur logement aux voyageurs du monde entier sur Airbnb. Cette activité peut être vue comme une chance pour l'attractivité de Paris et pour le pouvoir d'achat des Parisiens, mais elle peut aussi se faire au détriment de l'accès au logement des habitants. D'où un combat engagé pour un strict respect de la réglementation. La Ville a renforcé les contrôles dans ce domaine et mène quotidiennement des opérations sur le terrain, avec des inspecteurs dédiés, pour identifier et sanctionner les abus, comme ces propriétaires qui louent de cette manière plusieurs logements tout au long de l'année.
Il est vrai que c'est tentant : le Journal du Net et le site MeilleursAgents.com ont comparé les revenus générés par la location via la plate-forme Airbnb à Paris (35.000 annonces) aux recettes issues de la location classique. Selon leurs résultats, la location Airbnb rapporte en moyenne 2,6 fois plus que la location longue durée classique pour les biens de petite surface ! Et si selon le Sénat que cite l'étude, en France, un hôte Airbnb encaisse en moyenne 3.600 euros par an, le gain serait encore bien supérieur.
A supposer qu'ils soient loués 85% du temps (taux d'occupation maximal selon une étude réalisée par Everbooked et LearnAirbnb.com), les studios et deux pièces de moins de 50 m2 parisiens rapporteraient, en moyenne, 763 euros/m2/an, soit près de 23.000 euros pour un appartement de 30 m2. En location classique, ils ne génèrent "que" 294 euros/m2/an (8 820 euros/an pour 30 m2). Ainsi, à Paris, il suffit de louer son logement douze jours via Airbnb pour générer l'équivalent d'un mois de loyer.
L'écart en faveur d'Airbnb est encore plus marqué dans les zones parisiennes particulièrement touristiques , où à Notre Dame par exemple, la location Airbnb rapporte 3,5 fois plus et génère un mois de loyer en neuf nuitées. Un studio ou deux pièces de moins de 50 m2 génère, en moyenne, 1.216 euros/m2/an sur Airbnb, contre 352 euros en location classique. Dans le quartier de Saint Germain l'Auxerrois, il rapporte 3,3 fois plus que la location traditionnelle, 3,2 fois au Palais Royal, rue Vivienne et dans le quartier d'Elysées-Madeleine...
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